Trump ne fait pas partie des forces partisanes de la paix, au contraire!
Trump ne fait pas partie des forces partisanes de la paix, au contraire!
Adrien Welsh
Clarté – Janvier 2025
En matière de politique étrangère, il y a, au Capitole de Washington, deux partis, mais une politique : celle de la guerre et de l’impérialisme. Trump n’échappe pas à cette loi d’airain maintes fois démontrée par les faits depuis la fondation de ce pays. Son appel à rendre l’Amérique à nouveau prospère (Make America Great Again, MAGA) signifie, dans les faits, Make American Imperialism Great Again, soit « Rendons l’impérialisme états-unien à nouveau prospère ».
Une fois ses promesses et son discours populiste crade évacuées, les faits parlent – et parleront – d’eux-mêmes.
Non, Trump ne retirera pas les États-Unis de l’OTAN. En homme d’affaires prospère, il ne fait qu’appliquer en politique extérieure ce qui lui a valu sa fortune immobilière : l’intimidation comme arme de négociation. Il menace de retirer son pays de l’alliance (ce qui signifierait sa dissolution) pour gagner au final une plus grande contribution financière et militaire des États membres, mais aussi d’une alliance encore plus va-t-en-guerre. Ce n’est pas un hasard si, après son élection en tant que nouveau secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte s’est dit prêt à collaborer avec Trump…
Trump prétend vouloir se désengager du financement de la guerre en Ukraine et faire la paix avec la Russie. Mais cette paix prétendue ne sera certainement pas négociée entre Poutine et Zelensky. L’accord-cadre sera rédigé à Washington qui l’imposera aux deux parties, une sorte d’arbitrage exécutoire de la canonnière qui fera la part belle aux monopoles états-uniens, qui imposeront leur loi de plus belle dans la région et la peau aux travailleurs des deux pays.
On se rappelle d’ailleurs que lors de la Conférence sur la sécurité de Munich de février 2020, le représentant états-unien avait clairement noté, dans son discours, qu’il était maintenant temps de s’éloigner des conflits de basse intensité et de se concentrer sur les questions plus globales dont la menace russe et chinoise.
Justement, au sujet de la Chine, qu’il présente comme son « rival systémique », le président élu cherche à augmenter et intensifier les exercices militaires en mer de Chine. En effet, sa vision du monde la perçoit comme principal obstacle au recouvrement de la puissance impérialiste états-unienne, d’où l’urgence à la fois de lui livrer une guerre commerciale sans merci accompagnée de pressions militaires. N’oublions pas que la République populaire de Chine constitue le premier bailleur de fonds des États-Unis. En sus, s’attaquer à ce pays lui permet de redoubler d’ardeur dans son anti-communisme servant un autre aspect particulièrement dangereux de son projet politique : casser les syndicats, réduire les salaires et déculotter les services publics.
Et que dire du Moyen-Orient où se perpétue un génocide à Gaza et une invasion du Liban par Israël avec l’appui des États-Unis? Trump n’est-il pas l’instigateur des Accords d’Abraham? Le fidèle allié de Netanyahu pourtant accusé par la Cour pénale internationale? N’a-t-il pas reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël en y déplaçant l’ambassade états-unienne au mépris du droit international? Quelle perspective de paix peut-il y avoir lorsque le plan avoué demeure l’appui total au principal belligérant, tel qu’attesté par la nomination de Mike Huckabee en tant qu’ambassadeur en Israël prétendant qu’il « n’y a pas de Cisjordanie » et que les Palestiniens « n’existent pas »?
Rappelons également qu’en Amérique latine, lors de son premier mandat, Trump s’est assuré, en pleine pandémie, de renforcer le blocus états-unien sur Cuba, notamment en imposant 243 mesures additionnelles en pleine pandémie. Joignant les actes à la parole, il ne s’est pas contenté de définir Cuba, le Venezuela et le Nicaragua comme « troïka de la tyrannie », mais s’est empressé d’intriguer pour forcer, en vain, une guerre civile au Venezuela allant même jusqu’à reconnaître un président parallèle.
Si les pouvoirs du président brillent par leur étendue, il reste que ses conseillers et hommes de main en révèlent beaucoup sur le plan de travail de son administration. Ainsi, Marco Rubio aux Affaires étrangères ne présage d’aucune détente. Au sujet de la Chine, il promet de « se préparer à une guerre avec la Chine, car celle-ci veut un autre ordre mondial ». Il espère également imposer des mesures coercitives sur tous les pays qui refusent le joug impérialiste états-unien, incluant une intensification du blocus contre Cuba. À la Défense, la nomination d’un militariste extrémiste qui voit le monde comme une « station-service » pour les États-Unis ajoute aux indices révélateurs du bellicisme paroxystique de celui qui reprendra place au Bureau ovale le 20 janvier prochain.
Certains ineptes qui écument les marges du mouvement de la paix (par exemple, Medea Benjamin du groupe Code Pink) prétendent que l’élection de Trump « ouvre des perspectives » pour la paix. Ils n’ont rien appris des leçons tragiques de l’histoire : Mussolini et Hitler ne promettaient-ils pas, en pleine crise du capitalisme, paix et prospérité pour leur nation? Pourtant, ils se sont avérés les responsables du massacre de Guernica et de la boucherie de la Seconde Guerre mondiale.
S’il est vrai que « la paix est l’affaire de tous », que nous avons vocation à unir l’ensemble des forces et tendre la main aux personnes de bonne volonté qui veulent déjouer les plans de guerre, il reste que nous devons dévoiler la supercherie de ceux qui cherchent à masquer la guerre en paix. Car s’attaquer à la guerre sans s’attaquer au pouvoir des monopoles, estimer qu’il peut exister un impérialisme épris de paix ou que l’illusoire retour d’un capitalisme « patriotique » confiné aux frontières nationales permet de s’attaquer à la guerre, c’est faire œuvre de fauteur de guerre.