Les pompiers forestiers de la SOPFEU montent au front de la crise climatique

Les pompiers forestiers de la SOPFEU montent au front de la crise climatique


Stéphane Doucet
redaction@journalclarte.ca
Clarté #52 – Juin 2023


Selon le ministre fédéral de la Protection civile Bill Blair, le Canada vit actuellement « sa pire saison des incendies de forêt » du siècle. Au Québec, plus de 10 000 résidents de communautés telles que Chibougamau ou Normétal ont dû être évacués. Au total, presque 5000 pompiers venant de l’étranger ont dû se déplacer au Canada pour prêter main-forte aux forces locales qui n’en viennent pas à bout des centaines de feux hors contrôle partout au pays, de la Nouvelle-Écosse à la Colombie-Britannique.

Plusieurs médias profitent de l’occasion pour parler des effets des changements climatiques et des stratégies de l’industrie forestière qui ont créé une situation explosive et ont fini par causer des dégâts énormes. C’est tout à fait juste de démontrer ces causes sous-jacentes à la crise actuelle. Mais n’oublions pas qu’il y a des actions bien concrètes à prendre pour remédier à la situation, et que celles-ci ne sont que rarement mentionnées.

Tout d’abord, la SOPFEU (Société de protection des forêts contre le feu), l’organisme sans but lucratif largement financé par l’État, qui a pour mission de protéger les forêts contre les incendies, a environ 450 employés. Parmi ces 450 employés, 300 sont « pompiers forestiers, agents de protection et aéropointeurs ». Encore une fois selon la SOPFEU, en date du 16 juin 2023, il y avait 124 incendies en activité, dont plus de 40 hors contrôle. Donc, moins de 3 employés par feu, et probablement moins de 2 pompiers par feu.

Encore en date du 16 juin, donc avant même le début officiel de l’été, il y a eu 455 incendies au Québec, presque le double de la moyenne d’il y a dix ans, couvrant une superficie de plus de 9 000 km2, plus de 400 fois la superficie moyenne d’il y a dix ans. Où est la planification de la prévention et de la lutte contre les feux de forêt ? Quelle est la vision à long terme ?

Selon leur rapport financier de 2013, les dépenses de la SOPFEU étaient de 97,8 millions, alors qu’en 2022, cette figure ne s’élève qu’à 96,7 millions. En ajustant ces chiffres pour l’inflation, la SOPFEU dépense seulement 80 % de ce qu’elle dépensait il y a dix ans alors que les feux ont doublé et la superficie qui brûle ne se compare pas.

Pour la bourgeoisie, « accepter » le fait des changements se résume essentiellement à une prise de position qui dit « oui, c’est un phénomène scientifiquement prouvé ». S’en suit un faux débat totalement dans le royaume des idées contre une minorité forte de « climatosceptiques ». Pour les gens qui se voient évacués de leurs villages, leurs fermes, leurs communautés, ce débat ne vaut rien, il n’apporte rien de concret.

Ce qu’on a besoin au Québec et ailleurs pour combattre ces crises liées aux changements climatiques, ce sont des actions concrètes pour outiller la population pour faire face à ces désastres, ainsi que des mesures et politiques réelles pour réduire le risque en amont. Les feux de forêt existent depuis que les forêts existent. Mais nous avons les travailleurs, la technologie et les ressources pour les combattre mille fois mieux. Le taux de chômage dans le Nord-du-Québec en 2022 était de 4,6 %, plus élevé que la moyenne québécoise. Nous savons que ce taux en cache un autre, plus exact et plus élevé. Les travailleurs des régions affectées sont prêts à travailler, il suffit de salaires et de formation.

Les changements climatiques sont ici et les feux de forêt en témoignent tragiquement. Ce n’est qu’en redirigeant l’économie vers le bien-être de la population plutôt que vers la quête suicidaire du profit qu’on pourra se protéger contre ses effets les plus désastreux. D’ici là, montons la pression pour de vraies solutions à ces problèmes d’envergure qui menacent notre santé et notre environnement.