Mini-hôpitaux privés : plus chers pour moins
Mini-hôpitaux privés : plus chers pour moins
J. P. Fortin
redaction@journalclarte.ca
Juin 2023
La Coalition Avenir Québec travaille fort ces jours-ci pour satisfaire les puissants lobbys du secteur privé. Sur la scène politique, cette dynamique préoccupe et donne l’apparence d’une véritable « déconnexion » entre François Legault, ses ministres et les aspirations populaires. Cette situation créée aussi une étrange dissonance entre les problèmes exprimés par la population et les solutions proposées par la CAQ.
Face à une crise du logement qui s’aggrave, la CAQ semble plus encline à accorder des concessions à la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec et au secteur privé en général qu’à s’attaquer au problème. Même situation en environnement, où, après des années de zigzags, la CAQ s’est infligée une véritable humiliation à défendre les intérêts étroits de promoteurs immobiliers de la Rive-Sud de Québec et leur projet de troisième lien. Mais là où la CAQ excelle, tout comme les libéraux et péquistes avant eux, à suivre le chant des sirènes libertariennes, c’est dans le domaine de la santé publique.
La création de mini-hôpitaux privés subventionnés ne répond pas à une demande populaire. Cette solution bureaucratique est promue principalement par le think tank néolibéral Institut économique de Montréal et les chambres de commerce. Il est intéressant de noter que cet « Institut » un peu occulte est également l’ancien employeur de l’adjoint parlementaire du ministre de la Santé et député de Terrebonne Youri Chassin. Cette promesse électorale de la CAQ semble avoir comme objectif unique d’ouvrir une brèche supplémentaire dans les services publics et de bafouer pour une énième fois la Loi sur la santé fédérale. Le but implicite étant le démantèlement réseau public au terme de mille coupures. Pour justifier ces appendices, on veut nous vendre l’idée paradoxale d’une santé privée lucrative qui ne cannibalise pas les ressources des services publics. On ne crie pas non plus sur tous les toits que conglomérats privés qui sont en liste pour administrer ces mini-hôpitaux sont les mêmes qui géraient des résidences pour personnes âgées et les cliniques de chirurgies privées durant la pandémie.
Payées à même le trésor public, les chirurgies réalisées par le secteur privé pendant la pandémie étaient jusqu’à 150 % plus chères que leurs équivalents dans le secteur public. De plus, les cliniques privées ont aussi profité de l’urgence sanitaire pour négocier à la hausse leur marge bénéficiaire de 10 à 15 % dans leurs ententes avec la santé publique (une situation dénoncée même par Gaétan Barrette !). Mais la soif insatiable du profit ne s’arrête pas là, il y a une volonté réelle de rendre ces nouveaux mini-hôpitaux aussi hermétiques que possible aux conventions collectives du secteur public tout en systématisant l’utilisation de la sous-traitance. Tout cela est cohérent avec le reste du discours antisyndical de la CAQ. La CSN est juste quand elle parle d’un « choix idéologique ».
Au-delà des considérations financières, la privatisation dans le secteur de la santé constitue avant tout une atteinte aux principes fondamentaux de l’accès égalitaire aux soins. Face aux problèmes réels comme le temps d’attente et difficulté à avoir accès à des soins gratuit, la CAQ propose des solutions aux problèmes qu’elle perçoit, à savoir une opportunité manquée du subventionner le secteur privé. Ici, il ne s’agit pas ici d’une défaillance morale des caquistes, qui se sont convaincus de leur bonne foi, mais de leur incapacité, en tant que simples instruments des puissants lobbys du secteur privé, à réellement défendre la population du Québec. Le problème sous-jacent n’est pas la corruption politique, mais la question de l’opportunisme aveugle dans le système capitaliste. La CAQ défend des intérêts qui s’opposent à ceux du bien-être de la population québécoise. À nous de nous organiser pour défendre nos propres intérêts.