Les statistiques confirment une aggravation sans précédent des inégalités au Canada
Les statistiques confirment une aggravation sans précédent des inégalités au Canada
J. P. Fortin
redaction@journalclarte.ca
Juillet 2023
Statistique Canada a publié le 4 juillet dernier un portrait des revenus, de la consommation, de l’épargne et du patrimoine des Canadiens et Canadiennes au premier trimestre de 2023. Les chiffres sont sans équivoque et confirment que « l’écart entre les riches et les pauvres se creuse au rythme le plus élevé jamais enregistré ».
D’abord, les inégalités de revenu entre les ménages les plus riches et les plus pauvres se sont agrandies entre 2022 et 2023. Les familles les plus pauvres ont vu leurs revenus croître moins vite que la moyenne. Les revenus provenant du travail indépendant ont diminué de près de 7 % et la part des revenus provenant de prestations gouvernementales a augmenté d’environ 50 % pour ces ménages. Aussi, la hausse des taux d’intérêt a entraîné les plus pauvres à perdre en moyenne 500 $ en 2022 en coûts supplémentaires sur les cartes de crédit.
Pour les plus riches, ces nouveaux coûts ont été contrebalancés par une hausse des revenus de placements qui ont permis des gains nets moyens de près de 1200 $ pour la même période. Les plus riches ont aussi vu leur épargne croître en moyenne de plus de 13 500 $ pour une 4e année. Frappés durement par la hausse du coût de la vie, les ménages à revenus moyens ont vu leur épargne diminuer en moyenne de 1306 $ en 2022. Les plus pauvres ont perdu en moyenne 8289 $ d’épargne pour la même période — un montant qui risque d’être ajouté à la dette de ces ménages.
Sur le plan du patrimoine, 20 % des Canadiens les plus riches aujourd’hui possèdent près de 70 % de la richesse du pays. Les 40 % plus pauvres se partagent un maigre 2,7 %. L’appauvrissement des plus pauvres est la cause principale de l’agrandissement le plus rapide du fossé des inégalités jamais enregistré au Canada en un an. Cette iniquité frappe plus durement la jeunesse et les nouveaux immigrants. La dette des moins de 35 ans a franchi la barre des 200 % cette année. Celle des 35-45 ans atteint 276 % de leurs revenus, en hausse de 17 % pour la même période.
Cette situation a des conséquences bien au-delà des chiffres, elle entraîne la paupérisation d’une part de plus en plus grande de la population. En plus de cela, les attaques constantes contre les services publics, la financiarisation du marché locatif et les répercussions de la hausse des taux d’intérêt contribuent à alourdir le fardeau des inégalités qui devient de plus en plus lourd et de plus en plus meurtrier. Pour Justin Trudeau, François Legault, les chambres de commerce et le patronat, la solution réside dans l’octroi d’encore plus d’argent et de concessions à ceux qui en ont déjà, plus iniquité et toujours moins dans les mains des travailleuses et des travailleurs.
On n’assiste pas à un problème qui peut être résolu au terme de procédures législatives et mesures d’apaisement temporaires. Les inégalités structurelles et la concentration de la richesse entre les mains des possédants sont des éléments fondamentaux du système capitaliste. Il est essentiel de remettre en question ce système et entièrement justifié d’exiger son remplacement par le socialisme.