Solidarité avec les chargés de cours de l’UQAM!
Solidarité avec les chargés de cours de l’UQAM!
Igor Sadikov
Clarté – Janvier 2024

Les chargés de cours de l’UQAM déclencheront une grève le 3 février prochain en l’absence d’une entente, annonce le Syndicat des professeures et professeurs enseignants de l’UQAM (SPPEUQAM–CSN). Les chargés de cours, qui donnent plus de 60% des cours au premier cycle à l’UQAM, se battent contre l’expansion des cours en ligne au détriment de l’enseignement en présence, ainsi que pour la reconnaissance de la surcharge de travail liée au développement et à la prestation des cours en ligne.
Cette grève est le fruit d’une stratégie novatrice employée par le syndicat lors de la dernière négociation. En avril 2022, après un an et demi de négociation, les chargés de cours ont gagné une majoration salariale et des mesures de stabilisation d’emploi, mais l’administration « avait besoin de temps pour établir la vision de l’UQAM sur l’enseignement en ligne » au sortir de la pandémie et ne pouvait répondre aux demandes des chargés de cours sur cet enjeu, selon le président du SPPEUQAM, Olivier Aubry. L’UQAM a donc accepté, sous menace de grève, d’établir un calendrier pour continuer la négociation sur cette question malgré l’entrée en vigueur de la nouvelle convention collective. Faute d’entente, la convention tomberait à échéance hâtivement et le syndicat serait à nouveau en position de grève légale.
Pendant ce temps, l’UQAM n’a toujours pas établi de plan pour baliser l’enseignement en ligne, les départements étant laissés à eux-mêmes. Près du quart des cours de l’université sont maintenant donnés en ligne ou en mode hybride, mais cette proportion peut atteindre 70% dans certains départements comme l’École de langues. « Les gestionnaires se sont dit que, finalement, ça peut coûter moins cher, si tu ne donnes pas les moyens de faire un enseignement de qualité, dit Aubry. Ça va s’arrêter où? Est-ce qu’il y a des limites? » Pour protéger la qualité de l’enseignement, le SPPEUQAM insiste qu’un cours équivalent en présence doit être offert pour tout cours en ligne, et que la taille des groupes pour les cours en ligne ne doit pas dépasser celle des cours en présence.
L’enseignement en ligne implique aussi une charge de travail supplémentaire pour la création et l’encadrement des cours, qui n’est pas reconnue par l’université. « Quand on est chargé de cours, on est précaire. Quand on prépare le cours en ligne, on le fait bénévolement, sans savoir si on va donner le cours ou pas, en dehors de nos périodes de contrat », explique Aubry. Le syndicat exige naturellement une rémunération pour la préparation des cours.
L’expansion de l’enseignement en ligne découle en définitive du sous-financement de l’éducation supérieure. Non seulement est-ce un moyen de diminuer les coûts au dépens de la qualité de l’enseignement, il s’agit aussi d’une façon d’étendre le bassin d’étudiants pouvant s’inscrire aux cours et ainsi faire compétition aux autres universités – une dynamique qui résulte de la formule de financement des universités du Québec, qui dépend du nombre d’étudiants inscrits. Bien que la nouvelle formule de financement annoncée en juin dernier comporte une hausse de la proportion que représente le financement inconditionnel, elle ne prévoit aucun nouvel investissement public dans l’enseignement supérieur, et ce malgré un sous-financement estimé d’un milliard de dollars à travers le réseau.
Les revendications du SPPEUQAM s’inscrivent donc dans la lutte pour la défense de l’éducation comme service public de qualité et contre la tendance visant à sous-financer l’éducation, à l’arrimer aux besoins de main-d’œuvre de la bourgeoisie québécoise et finalement à la privatiser.