État des lieux du mouvement syndical québécois: la perspective communiste

État des lieux du mouvement syndical québécois: la perspective communiste


Stéphane Doucet
Clarté – Janvier 2024


Dans son plus récent rapport politique adopté au mois de décembre 2024, le Comité national du PCQ-PCC a traité en profondeur la question du mouvement syndical au Québec. En partant d’un constat que les conflits de travail prennent de l’ampleur dans la province depuis quelques années, le rapport évoque le fait que « entre 2014 et 2020, plus de 95% des conventions collectives se sont signées sans arrêt de travail ni arbitrage ».

Il ne suffit que de suivre l’actualité pour voir que « la classe ouvrière reprend confiance en l’action industrielle ». Toutefois, le rapport précise que « ce n’est pas pour autant qu’il s’agit d’un moment faste dans la lutte de la classe ouvrière contre ses exploiteurs ».

Malgré la montée des grèves et lock-outs – des chiffres démontrent qu’au Canada en 2023, on assistait au plus haut nombre de journées de travail perdues en raison de conflit de travail depuis 1986 – « la principale différence entre cette époque (les années 70-80) et la nôtre ne relève pas tant de l’intensité ni de la longueur des conflits de travail, mais plutôt d’une absence d’engagement du mouvement syndical dans la lutte des classes dans son ensemble ».

Le rapport continue: « L’action industrielle demeure l’élément fondamental dans l’amélioration des conditions de vie et de travail immédiates de la classe ouvrière. Heureusement, ou enfin, les travailleurs, salariés et ouvriers reprennent conscience de leur pouvoir à ce niveau. Mais il n’y a qu’à remarquer la participation défaillante aux assemblées syndicales régulières, le faible degré d’engagement dans nos syndicats, les manifestations faméliques du Premier mai pour se rendre compte que s’il y a maille à partir, l’enthousiasme politique n’y est pas ».

Les communistes ne se résignent pas pour autant. Le pari du Parti, son programme, dépendent de la combativité de la classe ouvrière organisée. « Par son nombre, son organisation et sa position dans la société, la classe ouvrière garde les clés vers un monde meilleur sans exploitation, crises ni guerres; vers un monde socialiste de paix, de solidarité et de fraternité. Le problème, c’est qu’elle n’en est pas consciente. Elle ne peut l’être par elle-même du reste ». Apporter la conscience de classe au sein de la classe, en premier lieu dans le mouvement syndical, c’est la job des communistes!

Mais comment faire? Le mouvement syndical actuel, avec ses forces et faiblesses, gagnerait à développer son action politique de masse et indépendante des partis à la solde des monopoles et accompagnant leur pouvoir. Comment le Parti communiste envisage son rôle au sein des syndicats?

Le rapport résume la tâche ainsi: « Nous devons consolider la présence du Parti dans les syndicats pour qu’il fasse corps avec la classe ouvrière organisée et qu’il lutte effectivement pour un mouvement syndical de classe, de masse, démocratique et internationaliste.  Cette tâche est autrement plus compliquée que l’implication personnelle ». En effet, poursuit le rapport, l’important est de porter les idées du Parti, gagner l’adhésion à celles-ci et bâtir un rapport de forces à tous les échelons pour les concrétiser dans la lutte de la classe ouvrière contre ses exploiteurs. « Ce n’est qu’ainsi que nous convaincrons nos collègues de la nécessité d’abattre le capitalisme et d’ériger le socialisme ».

Effectivement, contrairement à ce que pensent certains, les communistes ne luttent pas au sein du mouvement syndical pour se « substituer » à des directions qu’on pourrait trouver défaillantes sur quel point que ce soit. Il serait effectivement beaucoup plus facile de se faire élire à un poste quelconque, au vu de la faible participation aux assemblées, du manque de relève syndicale, etc. Au contraire, notre travail se trouve auprès des travailleurs et travailleuses sur les planchers, en politisant le milieu de travail, dans une optique de bâtir la lutte à long terme. L’élection à des postes électifs sera le fruit de ce travail patient.

Le mouvement syndical demeure le principal outil d’organisation de la classe ouvrière québécoise. Il ne doit pas servir des intérêts sectoriels, corporatifs ou étroits, mais doit être l’outil de la classe dans son ensemble, syndiquée ou pas. Le travail des communistes est de faire avancer ces idées par tous les moyens à leur disposition. La lutte économique, oui, les négociations, la ligne de piquetage, bien sûr, les assemblées, les intersyndicales, la solidarité, toujours, mais sans jamais oublier la lutte politique au sens large.

Autrement dit: « Là où la social-démocratie espère une sous-traitance mutuelle du syndical et du politique, là où les anarcho-syndicalistes contemptent le politique, les communistes et autres tenants d’un courant de classe dans le mouvement syndical n’érigent aucune muraille de Chine entre les deux. Au contraire, nous y voyons une complémentarité qui commande aux syndicats de s’engager de plein pied dans la bataille politique ».

Avec cette analyse du mouvement syndical, le PCQ-PCC clarifie sa vision des enjeux actuels du mouvement et se positionne sur l’action de ses membres et ses alliés. Cette synthèse a pour objectif de résumer et propager cette ligne politique, mais nous encourageons nos lecteurs et lectrices à la lire dans son intégralité sur le site du Parti… puis de la discuter et la mettre en action avec nos collègues dans le mouvement et dans nos lieux de travail!