REM : Privatisation de nos transports publics à toute vapeur
REM : Privatisation de nos transports publics à toute vapeur
Adrien Welsh
redaction@journalclarte.ca
Clarté #52 – Septembre 2023
Il y a déjà un mois, des milliers de passagers se sont massés dans le “métro le plus moderne du monde”, le REM. Au bout de quelques jours, plusieurs ratées ont fait les choux gras de la presse… Mais qu’en est-il vraiment?
Celui qu’on appelait le train de la Caisse de dépôt et placement du Québec n’a jamais eu pour but autre chose que la rentabilité de ce levier des plus importants dans le transfert d’argent du travail vers le Capital.
On l’a vu avec le feu REM de l’Est où au final, l’idée n’était que de revaloriser des terrains immobiliers pour permettre à cette institution (un des principaux propriétaires terriens au monde) de faire fructifier ses avoirs.
On le voit à nouveau avec le REM actuel puisque l’entreprise titulaire, CDPQ-Infra, exigeait 0,72$ par passager au kilomètre en 2018 (date du lancement du projet). Or, cette somme est ajustée à l’inflation. Elle atteint donc 0,753$ cette année.
Qui paiera la note? En théorie, l’ARTM (agence publique de transport) n’assumerait le tarif usager que si la fréquentation dépasse de 40% celle prévue actuellement (72,6 millions de passagers pour la première année). Selon la Communauté montréalaise métropolitaine (CMM), on parle de 70 millions de dollars à défrayer, parmi lesquels 85% viendront de Québec.
Tout ça, c’est bien sûr en théorie. Car en pratique, le contrat entre la CDPQ et les transporteurs publics est basé sur le fait que la Caisse obtienne un rendement de 8% sur investissement. Or, il faudra que les pouvoirs publics remboursent les investissements de cette dernière pendant 99 ans, au rythme actuel, pour que ce taux de rendement soit atteint. À ce stade, l’investissement initial aura été remboursé plus de trois fois.
Pis encore, la CDPQ elle, peut décider de vendre au plus offrant les tronçons les moins rentables de son réseau d’ici cinq ans…
Ainsi, lorsque M. Sabia (patron de la Caisse à l’époque du lancement du projet) affirmait : “Chaque fois que vous monterez à bord d’un système de transport géré par la Caisse, vous serez en train de consolider votre retraite”, il voulait en fait dire “la privatisation de nos transports publics consolidera une nouvelle vision de vos retraites, soit celle de retraites par capitalisation collective.”