S’affranchir des États-Unis, c’est réindustrialiser le Canada et le Québec sous contrôle public et démocratique
S’affranchir des États-Unis, c’est réindustrialiser le Canada et le Québec sous contrôle public et démocratique
Léo Boivin
Clarté – Février 2024

L’année 2024 aura été, comme les années la précédant, très sombre pour plusieurs familles des masses laborieuses au Québec. Les fermetures d’usines se multiplient dans toutes les régions du Québec, que ce soit dans l’industrie forestière en Mauricie ou en Côte-Nord, l’usine d’Olymel à Saint-Hyacinthe (Montérégie) et Princeville (Centre-du-Québec, les usines de Polycor (Sherbrooke, Estrie; Portneuf, Côte-Nord), l’usine d’Indorama (Montréal), et bien plus encore.
La menace de l’imposition de tarifs douaniers par le président-désigné des États-Unis Donald Trump fait alors craindre encore davantage la fermeture d’usines et l’accélération de la dégradation économique que connaît le milieu industriel au Québec et au Canada. Cependant, le problème était présent bien avant l’élection de Trump et ses menaces. Les usines canadiennes ne cessent de fermer, tandis que les industriels prétextent des coûts de main d’œuvre trop élevés, une profitabilité insuffisante, etc. pour aller s’installer ailleurs.
Le problème sous-jacent, c’est l’emprise quasi-totale qu’ont les monopoles sur notre économie. À la recherche d’un profit maximal, ils bradent notre économie au profit des grandes multinationales états-uniennes notamment à travers les accords de libre-échange qui, éventuellement, incluront le Mexique dans ce schéma impérialiste. En corollaire, l’économie canadienne se désindustrialise et devient progressivement dépendante de l’importation de produits transformés des États-Unis.
Ainsi, à coup de menaces, le gouvernement des États-Unis est capable depuis des décennies d’obtenir du gouvernement canadien presque toutes les concessions et la soumission économiques et politiques qu’ils auraient pu espérer.
C’est dans l’insécurité industrielle du Canada que vient jouer le Président-désigné lorsqu’il menace d’imposer des tarifs. Et ce n’est pas en jouant le jeu des étatsuniens, et encore moins en se soumettant à leurs diktats impériaux que l’on pourra espérer l’affranchissement politique et économique du Canada vis-à-vis des États-Unis.
De manière plus importante, au-delà de la souveraineté canadienne au nord du 49e parallèle, il faut réfléchir aux conséquences d’une collaboration aux intrigues étatsuniennes sur la vie quotidienne des masses laborieuses et leurs perspectives d’obtenir un emploi stable et décent. En effet, comment garantir une vie économique indépendante et dynamique alors que celle-ci est de plus en plus financiarisée et tertiarisée (donc parasitaire) et tributaire des décisions politico-économiques d’un seul pays?
Pour renverser la cadence, il faut qu’au Canada et au Québec voit le jour un colossal projet de réindustrialisation à travers un chantier de nationalisations qui permettra à chacun d’obtenir un emploi stable et décent, ainsi que de permettre d’affranchir le Canada de l’économie et de la politique guerrières et impérialistes des États-Unis.
La vie à l’extérieur des grands centres québécois (Montréal, et Québec) devient de plus en plus précaire de par la concentration de l’économie de service canadienne et québécoise autour des grands centres du capital. À cet effet, bien que l’on remarque un taux de chômage moins élevé et parfois de meilleurs salaires en régions que dans les centres urbains, il ne faut pas oublier que cette statistique cache une réalité bien différente.
D’une part, il s’agit souvent de l’effet de la “monoindustrie” dans les villes régionales moyennes. Les habitants des régions qui n’y résident pas sont souvent laissés à l’abandon. C’est particulièrement le cas des petits agriculteurs qui sont carrément laissés pour compte. D’autre part, ces entreprises privées vont et viennent au gré des vents du capital et de ses besoins, ce qui force ceux et celles dans l’impossibilité de se trouver un emploi stable à gonfler les rangs des chômeurs et privés d’emploi dans les centres urbains…
La réindustrialisation sous contrôle public et démocratique permettra en outre de retrouver la diversité économique qui a déjà existé sur le territoire, et de l’étendre encore plus loin.