Palestine : le droit à la résistance et à la légitime défense
Palestine : le droit à la résistance et à la légitime défense
Manuel Johnson
redaction@journalclarte.ca
Clarté #54 – Novembre 2023
Le droit à la résistance, y compris la résistance armée contre l’occupation et la colonisation est enchâssé dans le droit international. Lamentablement, le bloc impérialiste chapeauté par les États-Unis au sein du Conseil de sécurité des Nations unies met en échec toute effectivité de ces droits, grâce à leur pouvoir de veto. Aux Nations-Unies, seul le Conseil de sécurité de l’ONU a le pouvoir d’imposer des sanctions et intervenir pour faire respecter les principes d’autodétermination des Palestiniens que l’État d’Israël viole systématiquement depuis 75 ans.
L’article 1(2) de la Charte des Nations Unies établit le principe du respect de l’égalité des droits des peuples et de leur droit à disposer d’eux-mêmes. Le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC) et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) reconnaissent également, comme principe de base, les droits de tous les peuples à déterminer librement leur statut politique et à assurer librement leur développement économique, social et culturel.
L’Assemblée générale de l’ONU reconnaît entre autres la résolution 3236, adoptée en 1974, qui réaffirme les « droits inaliénables du peuple palestinien en Palestine », dont :
- Le droit à l’autodétermination sans ingérence extérieure;
- Le droit à l’indépendance et à la souveraineté nationales;
- Le droit des Palestiniens de retourner dans leurs foyers et vers leurs biens, d’où ils ont été déplacés et déracinés.
Face à la violation de ces « droits inaliénables », jusqu’à où peut aller le peuple palestinien pour les faire respecter?
Cette même résolution 3236, dont les principes ont été repris par l’Assemblée générale de l’ONU, reconnaît également « le droit du peuple palestinien de recouvrer ses droits par tous les moyens conformément aux buts et principes de la Charte des Nations Unies ».
La résolution 3246 de l’Assemblée générale de l’ONU est plus explicite sur les modalités de résistance à l’occupation et au colonialisme. Elle réaffirme « la légitimité de la lutte des peuples pour se libérer de la domination coloniale et étrangère et de l’emprise étrangère par tous les moyens en leur pouvoir, y compris la lutte armée. »
Le droit à la légitime défense en cas d’agression armée est donc reconnu par les États-membres des Nations Unies à l’article 51 de la Charte. Bien que la Palestine ne soit pas un État-membre en raison de la négation de son droit à l’auto-détermination par Israël, mais aussi par les puissances impérialistes occidentales et ce, malgré des accords censés – sur papier du moins – aboutir à la création d’un État palestinien, cet article de la Charte onusienne souligne la reconnaissance plus large du droit à la légitime défense en droit international. Par ailleurs, ce droit à la légitime défense ne peut être invoqué par une puissance occupante contre la population qu’elle occupe.
La reconnaissance de ces principes en droit international expose l’hypocrisie du gouvernement des États-Unis, qui prône un « ordre international fondé sur des règles. » Les « règles » prônées par les États-Unis, de toute évidence, ne sont pas les règles établies par les peuples au sein des Nations Unies, mais plutôt les règles dictées unilatéralement par le grand pouvoir impérialiste dans sa quête de maintenir sa domination économique sur la planète (dont l’État d’Israël joue un rôle important). Non seulement les États-Unis et son acolyte Israël (ainsi que le Canada) refusent de respecter les principes d’auto-détermination, d’indépendance et de souveraineté du peuple palestinien, ils semblent maintenant disposés à exterminer ce peuple qui ose affirmer son droit à la légitime défense.
L’impérialisme veut se débarrasser du consensus onusien. Si imparfait qu’il soit, ce dernier répond du rapport de forces issu de la Seconde Guerre mondiale où les forces démocratiques et populaires triomphantes du nazi-fascisme ont imposé des normes internationales pour que la loi du plus fort ne prévale pas dans ce domaine. Aujourd’hui, les impérialistes veulent revenir à cette loi de la jungle, c’est pourquoi ils s’affairent à rendre inefficaces les mécanismes censés faire respecter les principes du droit international. Dans un tel contexte, seule la mobilisation et la résistance massives des peuples du monde, seule la mobilisation, la lutte et la résistance massives des peuples du monde, en accompagnement de leurs frères et sœurs palestiniens qui résistent l’occupation colonialiste de leurs terres depuis 75 ans, pourront arrêter le génocide en cours et mener ultimement à la libération de Palestine.