Le combat pour la paix au Québec III : Le Mouvement québécois pour la paix
Le combat pour la paix au Québec III : Le Mouvement québécois pour la paix
Jad Kabbanji
Mouvement québécois pour la Paix
https://www.facebook.com/MQP.QMP/
Clarté #53 – Septembre 2023
Le 27 novembre 2022 se déroulait la première Conférence générale du Mouvement québécois pour la paix. Après plusieurs décennies de sommeil, puis de travail informel, le mouvement anti-impérialiste organisé refaisait son apparition devant un public plus motivé que jamais à en découdre. Le MQP a adopté pour l’occasion ses statuts, une résolution politique sous la forme d’un plan d’action détaillé et a élu 5 de ses membres pour former son tout premier comité exécutif. Il faut dire que le MQP a du pain sur la planche. Le contexte international explosif et l’état d’émiettement de la mouvance pacifiste québécoise appellent à redoubler d’efforts. C’est dans ce contexte que le MQP prépare la deuxième édition de sa manifestation annuelle pour la paix mondiale, le désarmement nucléaire, et la sortie du Canada de l’OTAN, qui aura lieu le 8 octobre prochain à 14h, place du Canada.
Un vide à combler
Le Mouvement québécois pour la paix se veut le successeur du Conseil québécois de la paix qui a été formé en 1974 et qui a cessé ses activités dans les années 1990. Comme son illustre prédécesseur, le MQP entend jouer un rôle actif au sein du Conseil mondial pour la paix et réarrimer définitivement le Québec à la lutte contre l’impérialisme au niveau international. Cette tâche est d’autant plus urgente que le Canada prend de plus en plus d’importance au sein de l’OTAN, première menace pour la paix mondiale. Le rôle d’avant-garde que joue le gouvernement de M. Trudeau dans la livraison d’armes à l’Ukraine et plus largement dans le soutien sans faille au gouvernement putschiste de M. Zelensky en est le dernier exemple.
Depuis plusieurs années maintenant, les différents gouvernements libéraux qui se succèdent appuient sans aucun scrupule la politique étrangère de Washington. C’est d’autant plus vrai avec l’élection de M. Biden à la présidence états-unienne en 2021 et l’importance centrale que prend la vice-première ministre, Mme Freeland. Pourtant, 20 ans plus tôt, le Canada affichait fièrement son désaccord avec son voisin du sud au sujet de l’invasion de l’Irak. Le Premier ministre de l’époque, M. Jean Chrétien, avait refusé l’envoi de troupes canadiennes en Irak pavant la voie aux manifestations monstres qui se sont succédé dans les villes canadiennes pour s’opposer à l’invasion états-unienne de l’Irak.
C’est justement il y a 20 ans, presque jour pour jour, que les dernières grandes mobilisations nationales pour la paix ont eu lieu. À l’appel du Collectif Échec à la guerre, plusieurs dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue au début de l’année 2003 pour exprimer leur opposition à cette campagne militaire états-unienne basée sur le mensonge. Ce sursaut pacifiste ne va pas durer dans le temps. Même lorsque le gouvernement de M. Harper décidera d’engager les troupes canadiennes et donc de faire du Canada, de facto, une des forces d’occupation de l’Irak, le Collectif Échec à la guerre ne réussira pas à rééditer son succès historique de 2003. Face à la stagnation du mouvement pacifiste, une poignée de militants à la tête desquels on retrouve Bill Sloan, ancien cadre du Conseil Québécois de la paix et fils d’Edward Sloan, va fonder en 2017 le Mouvement québécois pour la paix.
L’OTAN est le principal ennemi
Le premier événement d’envergure du MQP fut une manifestation de plusieurs centaines de personnes le 14 octobre 2017 avec un seul mot d’ordre : Canada hors de l’OTAN. Cette revendication deviendra la principale demande du MQP au cours des années suivantes le distinguant par la même des autres organisations qui luttent pour la paix au Québec.
En parallèle de cette campagne perpétuelle contre la présence du Canada au sein de l’OTAN, le MQP organisera, au fils des années, plusieurs dizaines d’événements de solidarité avec les peuples victimes de l’impérialisme à travers le monde. De la Palestine, en passant par Haïti, la Colombie, le Yémen, l’IRAN ou la Chine, le MQP fut présent pour dire non aux ingérences, à la répression et aux guerres meurtrières et génocidaires.
Depuis un an, le MQP a redoublé d’intensité dans ses actions. Il est en effet de plus en plus clair que la guerre en Ukraine est une guerre de l’OTAN contre la Russie par l’Ukraine interposée. Dès janvier 2022, le mouvement a organisé une vigile hebdomadaire durant plusieurs semaines devant le consulat des États-Unis pour dire non à la guerre de l’OTAN contre la Russie. Cette campagne a culminé avec l’organisation d’une manifestation à l’occasion de la journée internationale pour la paix, le 21 septembre 2022.
L’avenir sera anti-impérialiste ou ne sera pas
Pour clore cette série d’articles sur le combat pour la paix au Québec, veuillez trouver ci-dessous le préambule de la Résolution politique et d’unité adopté à l’unanimité lors de notre première Conférence générale. Il trace l’avenir de notre lutte, résolument ancrée dans l’anti-impérialisme :
« Le Mouvement québécois pour la paix réaffirme d’une part son engagement pour la paix et pour la solidarité internationale et d’autre part, sa lutte contre l’impérialisme. Fidèles à nos principes directeurs, nous considérons l’impérialisme comme étant la principale menace à la paix dans le monde et l’ennemi principal de tous les peuples. L’impérialisme, étape finale du capitalisme monopoliste financier, est l’expression la plus débridée et sans limites de la course aux profits et vise à la subdivision du monde en marchés à conquérir, utilisant tous les moyens pour y parvenir. Il s’attaque aux peuples qui tentent de se dérober de son joug et de se développer selon leurs aspirations démocratiques et souveraines. Il s’attaque aux femmes et à leur émancipation en anéantissant toutes les avancées sociales et démocratiques. Il est l’un des principaux facteurs de la destruction de notre environnement. Il perpétue également le racisme et la xénophobie ; des outils précieux pour justifier les guerres d’agression à travers le monde. Enfin, il s’appuie sur les forces les plus antidémocratiques et fascisantes pour asseoir son hégémonie. C’est pour toutes ces raisons que nous ne pouvons pas dissocier notre combat pour la paix de notre combat pour la solidarité internationale et, par conséquent, de notre lutte contre l’impérialisme. »