Personnes réfugiées : Se mobiliser pour pallier les lacunes des organisations internationales
Personnes réfugiées : Se mobiliser pour pallier les lacunes des organisations internationales
Alex Courtois
redaction@journalclarte.ca
Clarté – Juillet 2023
Le 22 juin dernier, le CIBLES (Carrefour international bas-laurentien pour l’engagement social) a organisé une conférence à Rimouski en partenariat avec Accueil et Intégration Bas-Saint-Laurent. L’invitée spéciale de l’évènement était Denise Otis, qui travaille à Montréal pour le au Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Avocate spécialisée en droit d’asile, Mme Otis représente le HCR auprès des autorités gouvernementales provinciales, municipales et la société civile du Québec. Son travail l’a aussi amenée à participer à deux missions humanitaires d’urgence avec le HCR.
Depuis 1950, Le HCR s’engage à apporter une aide aux réfugiés, aux demandeurs d’asile, aux personnes déplacées internes et aux apatrides. L’année dernière, le nombre de personnes déracinées dans le monde a dépassé les 100 millions de personnes, un nombre qui a plus que doublé en 10 ans. Le travail du HCR se divise en 4 axes :
• La protection des personnes réfugiées et des demandeurs d’asile
• Les solutions durables qui permettent aux personnes réfugiées de vivre leur vie dans la dignité et la paix. Ces solutions incluent le rapatriement volontaire, la réinstallation et l’intégration.
• La communication à propos de la situation des personnes réfugiées et déplacées à travers le monde, ainsi qu’à propos du travail du HCR sur le terrain
• La Collecte de fonds pour soutenir financièrement les programmes du HCR dans le monde entier.
Malgré son rôle essentiel, le HCR est limité dans son action. Il ne s’attaque pas aux causes profondes des migrations forcées comme la guerre, les changements climatiques, la violence et les inégalités provoqués par l’impérialisme et le néo-colonialisme.
Rappelons que l’économie canadienne repose largement sur l’industrie extractive, à la fois à l’intérieur de ses frontières et à l’échelle mondiale. L’industrie minière est la source de graves problèmes environnementaux (contamination de lacs et de la nappe phréatique par les déchets miniers…) qui nuisent à la santé des gens qui vivent sur ou à proximité des sites. Les grandes sociétés minières canadiennes exploitent les ressources de divers pays du Sud global et rien ne semble entraver leur chemin. Elles n’hésitent pas à chasser allègrement les populations, corrompre les dirigeants, intimider les groupes qui leurs résistent et assassiner leurs adversaires. L’État canadien est tout à fait complice de ses compagnies en fermant les yeux et en les gratifiant de subventions et d’exemptions fiscales. Loin d’avoir peur des contradictions, le gouvernement canadien vante le pays comme une terre d’asile hospitalière aux réfugiés tout en étant au centre du problème.
D’ailleurs, il ne faut pas oublier qu’à l’échelle internationale, les minières font leurs profits immondes sur le dos des mineurs et en exploitant la richesse créée par leur travail en échange des salaires et des conditions de travail de misère. Les populations locales sont aussi dépossédées de leurs ressources naturelles tout en subissant plusieurs externalités négatives. Les personnes qui décident de migrer doivent tout abandonner et subir un grand nombre de violences tout au long de leur parcours pour parfois atteindre le Canada. L’État prend alors en charge les nouveaux arrivants et les coûts afférents en socialisant une partie des externalités des sociétés minières privées canadiennes. De plus, cette situation fournit des munitions à l’extrême-droite pour préconiser le refus d’accueillir des migrants.
Questionnée à ce propos, Mme Otis répond que le fonctionnement du HCR ne permet pas de s’attaquer à ces problématiques :
« Ce sont les États qui peuvent agir. La seule chose que le HCR peut faire, c’est d’aller devant les gens qui peuvent prendre des décisions, mais qui ne les prennent pas. C’est un enjeu important m’est ce n’est pas au HCR de faire des représentations ici au Canada pour dénoncer l’industrie minière. Ce n’est pas ainsi que ça fonctionne chez nous. Nous essayons de trouver des solutions immédiates pour les gens qui ont besoin de protection. Pour les causes, nous allons en parler aux états responsables que nous soyons entendus ou pas. Il est très important de maintenir notre neutralité. Si on ne la garde pas, il devient très difficile de faire coopérer les états. La solution que nous souhaitons est qu’ils puissent retourner chez eux, mais c’est bien souvent impossible dû aux causes énumérées (changement climatique, guerres, violences…). Il est clair que l’on doit être en collaboration avec des organisations militantes pour réaliser ce travail de représentation. Ce que nous pouvons faire c’est de faire des suggestions confidentielles lors des rencontres avec les décideurs. »
Le message est donc clair : on ne peut pas s’attendre à de véritables actions décisives de la part des organisations internationales. La responsabilité de combattre ces injustices incombe à la classe la plus révolutionnaire : la classe ouvrière. Il est dans l’intérêt autant des travailleurs et des travailleuses, aussi bien au Canada que dans les pays du Sud, d’être solidaire les un(e)s avec les autres et à se mobiliser à travers les mouvements démocratiques et les syndicats pour combattre l’état bourgeois qui défend toujours leur intérêt de classe, celle des propriétaires et des capitalistes.