Congrès des Métallos et d’Unifor : la lutte pour un mouvement syndical de classe doit s’intensifier

Congrès des Métallos et d’Unifor : la lutte pour un mouvement syndical de classe doit s’intensifier


Rédaction
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Clarté #48 – Octobre 2022


Les deux plus grands syndicats du secteur privé au Québec, les Métallos (USW) et UNIFOR ont tenu leurs plus hautes instances décisionnelles au mois d’août dernier. Bien que rien ne se soit produit de bien surprenant, ça vaut tout le même coup de faire le point sur ces congrès et la ligne tracée pour les prochaines années.

Pour ce qui est d’UNIFOR, son congrès, tenu à Toronto, fut teinté par le départ soudain en mars 2022 de son président, Jerry Dias dans une foulée d’accusations de corruption. Le gros de l’énergie du congrès était donc axé sur la campagne pour sa succession, finalement remportée par Lana Payne, une membre de l’exécutif sortant, originaire de Terre-Neuve. À noter aussi la présence de Seamus O’Regan, Ministre fédéral du Travail Libéral, qui eut le culot d’affirmer que “ Le capital ne charge pas de wagons, n’assemble pas de véhicules et ne bâtit pas de communautés. C’est vous qui le faites.” Bon alors, il fait quoi le capital exactement, Monsieur le Ministre? Nous le savons très bien…

La nouvelle cheffe a aussi fait allusion à une reprise des négociations pour un retour d’UNIFOR au sein du Congrès du Travail du Canada, ce qui serait un grand pas en avant par rapport au manque d’unité du mouvement syndical au Canada. Rappelons que les syndicats locaux UNIFOR au Québec sont toujours membres de la FTQ. À noter aussi une forte présence de la section locale 177, celle des lock-outés d’Ash Grove à Joliette, et l’appui du congrès à leur lutte qui dure maintenant depuis plus d’un an.

Les Métallos, eux, se réunissaient à Las Vegas aux États-Unis, étant un syndicat “international” avec des syndicats du Mexique au Canada. Selon leur invitée d’honneur, la Vice-Présidente des É-U Kamala Harris, “les Métallos tracent la voie vers une nouvelle ère.” Le Président états-unien Joe Biden lui-même a participé au congrès, quoique par vidéoconférence. Nul besoin d’ironiser: il est clair que ce syndicat contient des contradictions intenses contemporaines comme historiques (il a joué un rôle particulier dans l’imposition du maccarthyisme et des clauses anticommunistes au Canada). À l’inverse, on pousse pour organiser des syndicats dans les puissants monopoles tels Starbucks et Amazon, où l’on fait face à des patrons intransigeants et anti-syndicaux, pour ensuite inviter les représentants suprêmes de ces monopoles pour promouvoir l’idée de la collaboration de classe.

Le congrès des Métallos ne se résume pas aux invités les plus grossiers. Des syndicalistes québécois et canadiens ont tout de même fait le voyage, ont participé et présenté leurs enjeux clés, notamment sur la santé et la sécurité au travail. À noter aussi que le syndicat organise une première Conférence nationale de la condition féminine du Syndicat des Métallos à Québec au mois d’octobre.

Rappelons d’abord l’importance des syndicats dans le secteur privé: leur présence est un frein direct à l’accumulation de profits et ainsi au pouvoir des monopoles pour peu qu’ils soient combattifs. Effectivement, ce sont eux qui sont les plus surveillés et combattus par l’État et la classe dirigeante, qui essaient justement de les transformer en remparts contre la radicalisation politique de la classe ouvrière. C’est donc sans surprise qu’au cœur de la bête impérialiste, les plus grands syndicats privés soient une courroie de transmission virulente de l’anti-communisme le plus virulent dans le mouvement ouvrier.

Ceci dit, c’est justement pour cette raison que c’est au sein de ces syndicats que les forces démocratiques, progressistes et socialistes doivent concentrer leurs efforts pour dialoguer, échanger, construire, convaincre et gagner du terrain. La difficulté du travail démontre bien son importance!

Le mouvement communiste a des buts très précis pour remettre ces syndicats sur la bonne voie: contre la collaboration de classe et les structures anti-démocratiques, pour la souveraineté des syndicats et contre le contrôle étranger des finances et des stratégies de négociation, pour l’unité de classe et contre la division produite par le maraudage, pour une action politique de classe, indépendante des partis bourgeois. Pour y arriver, nous prônons l’unité centre-gauche au sein des syndicats afin d’isoler et contrer la droite. Ces positions ne sont clairement pas celles d’UNIFOR ou des Métallos à la lumière de leurs derniers congrès. Cependant, nous avons la conviction qu’elles sont celles qui sont les plus avantageuses pour l’accroissement du pouvoir politique, économique et social de la classe ouvrière. C’est pourquoi nous ne sommes pas gênés de les défendre et de les promouvoir.