Combat syndical à la SQDC : Uni.e.s face à l’exploitation
Combat syndical à la SQDC : Uni.e.s face à l’exploitation
Maxime Bérubé
redaction@journalclarte.ca
Clarté #48 – Octobre 2022
En grève depuis le 29 mai dernier, les employé.e.s de la société d’État affilié.e.s avec le SCFP mènent le combat à-travers la province pour avoir des conditions et salaires décents, alors que le coût de la vie explose. « Ce n’est pas compliqué, plus de la moitié de notre salaire est utilisé pour payer le logement. Avec le reste, on arrive à peine à se nourrir. Quand on travaille à la SQDC, il faut avoir un deuxième emploi pour arrondir ses fins de mois, » a déclaré le président du syndicat David Clément. « Jusqu’à ce jour, l’employeur refuse toujours d’écouter nos arguments et de négocier de bonne foi notre salaire. Nous sommes préoccupés par la pauvreté dans laquelle notre empoyeur, une société d’État prospère, nous maintient. » En effet, pendant que les travailleu.r.se.s doivent se contenter de maigres salaires sans avantages sociaux et des horaires instables, la société d’État enregistre des profits toujours croissantes (66 millions $ au dernier exercice) et son président, Jacques Farcy, encaisse un salaire de 305 000 $ par année. « Avec un revenu imprévisible bien en deçà du salaire moyen, des horaires instables, l’impossibilité de participer au programme d’assurance, etc. Ce n’est pas ce que j’appelle un emploi qui permet de créer de la richesse ! » ajoute M. Clément.
Alors que leurs camarades affilié.e.s à la CSN ont accepté une entente de principe le 23 juin, entente qui offre une augmentation de 34% du salaire sur quatre ans, ceux du SCFP ne se sentent pas satisfait.e.s de cette offre, considérant que quatre ans sont beaucoup trop longs pour atteindre leur revendication de parité avec les autres sociétés d’État comme la SAQ. Inflexibles, ceux-ci multiplient les actions de visibilités dans toutes les régions. En Montérégie par exemple, les employé.e.s de la succursale de Saint-Hyacinthe ont couvert les vitrines de graffiti (au crayon effaçable) et d’affiches, se sont joints à d’autres succursales montérégiennes pour livrer leurs revendications au ministre de la Justice lors d’un événement auquel il participait et perpétuent les grèves, comme celle de Drummondville à laquelle ont participé les ouvriers de la Mauricie, de Québec, de Montréal, de la Montérégie et de l’Estrie. Un rassemblement devant les bureaux du premier ministre a également eu lieu le 24 août, attirant des membres du syndicat de partout au Québec.
Ce tout nouveau front dans le combat de la classe ouvrière démontre une unité forte, mais celle-ci n’est aps infaillible. Le patronat a avantage à désunir les ouvri.er.ère.s pour en maintenir un pan dans la pauvreté, ce qui sert de levier pour abaisser les conditions générales du prolétariat. C’est pourquoi les employé.e.s de la société des alcools doivent se rallier à la cause, pour créer un front uni et avoir la force politique de pousser des demandes qui vont plus loin que le salaire, les horaires ou l’assurance – quoiqu’ils soient indispensables – . Bien qu’elles soient des entreprises de l’état, la SAQ et la SQDC sont gérées comme n’importe quelle entreprise capitaliste privée avec son PDG et son conseil d’administration, tous élu.e.s sans processus démocratique et avec le même objectif premier : le profit à tout prix. Les prolétaires qui créent toute la richesse du nouveau marché du cannabis n’ont aucun mot à dire sur comment les surplus seront redistribués ou sur la gestion de leurs lieux de travail, le public n’a aucun droit de regard sur les activités des deux entreprises ou de ce que le gouvernement fait de leurs gains. En bref : la SAQ et la SQDC ne créent pas de richesse pour le public ou pour ses employé.e.s, seulement pour ses hauts fonctionnaires à qui l’on a donné les clefs du royaume. Ceux-ci feront tout pour saper n’importe quels gains faits par les grévistes, ils continueront l’agression et l’intimidation pour préserver leurs intérêts de classe. Seule la gestion publique et démocratique de ces institutions pourra permettre aux travailleu.r.se.s d’État de faire des gains politiques substantiels et à la population de bénéficier en voyant les surplus investis dans des choses qui leur importent, par exemple le logement, la santé ou l’éducation. Ces revendications ne pourront être obtenues que par un mouvement des ouvriers d’État « tissé serrée » ainsique de leurs allié.e.s, pour qu’enfin nous puissions tenir le gros bout du bâton, tous ensemble !