Croissance spectaculaire de la FSM

Croissance spectaculaire de la FSM


Kate Turner
redaction@journalclarte.ca
Clarté #48 – Octobre 2022


Dans le cadre de son 18e congrès, qui s’est tenu début mai 2022 en Italie, la Fédération syndicale mondiale (FSM) a publié ses statistiques pour 2022. Fait impressionnant, le nombre de membres de la FSM a augmenté de plus de 50 millions depuis 2005, ce qui donne un taux de croissance de 119 %. Cette augmentation s’explique en grande partie grâce à la création de sept nouvelles internationales syndicales couvrant des secteurs tels que les mines, les transports, les banques et l’énergie.

Fondée en 1945, la FSM avait pour vocation de renforcer la coordination syndicale internationale et la solidarité prolétarienne. Peu après sa création, des factions au sein de l’organisation tentèrent de la dissoudre, échouèrent et finirent par se séparer de la FSM pour former la Confédération internationale des syndicats libres (CISL), une organisation plus proche des gouvernements américain et britannique.

À cause de son soutien aux partis communistes et sa proximité avec ceux-ci, la FSM fit l’objet d’attaques politiques pendant la majeure partie de son histoire, notamment pendant la guerre froide. En 1956, les bureaux centraux de la FSM furent perquisitionnés et tous ses documents furent saisis par le ministère autrichien de la Sécurité de l’État. Des désaccords idéologiques poussèrent des syndicats basés en Chine et en Yougoslavie à se désaffilier de la Fédération, et la chute de l’Union soviétique porta un dur coup à l’organisation. Après 1991, des opportunistes tentèrent de dissoudre la FSM et de l’intégrer à la CISL, complètement soumise au capital occidental.

Malgré cette histoire difficile, la FSM survit et entame un nouveau chapitre en 2005 lors du 15e Congrès syndical mondial à La Havane, à Cuba. À l’époque, la FSM ne compte que quatre syndicats, couvrant l’agriculture, le bâtiment, l’enseignement et la fonction publique. Entre le 15e et le 16e congrès, la FSM crée quatre nouvelles internationales syndicales, couvrant les mines, les transports, les banques et le tourisme. Avant le 17e congrès, deux internationales syndicales supplémentaires viennent s’ajouter à la Fédération, représentant les retraités et les travailleurs du secteur de l’énergie. L’ajout le plus récent a eu lieu avant le congrès de cette année, lorsque l’internationale syndicale du textile, de l’habillement et du cuir a été créée et a rejoint la FSM.

Ensemble, ces internationales syndicales représentent plus de 105 millions de membres dans 133 pays et couvrent tous les secteurs fondamentaux de la production. Cette période de revitalisation et de croissance s’explique en partie grâce à l’excellent leadership de George Mavrikos, membre du Parti communiste grec, militant syndical de longue date et secrétaire général de la FSM de 2005 à 2022. Sous la gouverne de M. Mavrikos, la FSM s’est rapprochée de son objectif de développer des syndicats militants, axés sur la conscience de classe et redevables à leurs membres plutôt qu’à leur bureaucratie. Lorsque M. Mavrikos a annoncé sa retraite en 2022, Pambis Kyritsis a été élu comme nouveau secrétaire général.

Même si la FSM ne compte pour l’instant aucun syndicat affilié au Québec ou au Canada, il est important de nous tenir au fait de ses activités puisqu’il s’agit de l’organisation la plus révolutionnaire en son genre. La FSM fournit une analyse tranchante des conditions de vie des travailleurs dans le monde entier, y compris en ce qui concerne les effets de la montée du fascisme et la recrudescence des guerres impérialistes. La solidarité internationale et l’anticapitalisme indéfectible de la FSM sont de véritables épines au pied des ennemis de la classe ouvrière. À titre d’exemple, le secrétariat de la FSM a établi une liste de priorités lors du 18e Congrès syndical mondial à Rome, en Italie. Parmi ces priorités, on évoque l’urgence de « reconnaître que le système capitaliste a atteint ses limites historiques et est devenu complètement moribond, et que par conséquent, il ne suffit pas de réformer ou de moderniser le capitalisme pour atteindre la libération de la classe ouvrière internationale – il faut nécessairement renverser ce système. »