Camarade Manouchian, present ! Francs-tireurs et partisans, maintenant et toujours !
Camarade Manouchian, present ! Francs-tireurs et partisans, maintenant et toujours !
Jad Kabbanji
Clarté #56 – Février 2024
Il aura fallu attendre 80 longues années pour que la patrie te soit enfin reconnaissante. 80 longues années pour que tu fasses ton entrée par la plus grande des portes dans la nécropole de la République. Et pourtant, tu n’es qu’un parmi les dizaines de milliers de militants de ton glorieux Parti, à avoir sacrifié sa vie et sa jeunesse pour que la patrie puisse vivre libre. Pour que la patrie puisse refleurir loin de la vermine et de la désolation.
Quelques années plus tôt, tu t’es engagé, comme des dizaines de milliers de militants de ton glorieux Parti, dans le combat antifasciste, aux côtés de l’Espagne. Tu t’es engagé pour une République meurtrie par le venin brun tombé du ciel. De cette expérience, tu as appris ce qu’était le nazisme et surtout, tu as compris ce que signifiait la solidarité internationale.
Tu as aussi compris dans l’action tout le sens des paroles de Jaurès : Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage.
80 longues années plus tard, ceux qui t’ont fusillé sont là, en rang serré, venus te rendre « hommage ». Ils sont là, les descendants de la Division Charlemagne, ceux-là mêmes que tu avais combattus à mort. D’ailleurs, l’Humanité s’interroge, ta panthéonisation a-t-elle du sens si l’héritière politique de tes bourreaux, Marine Le Pen est présente ? Et que dire du Président Macron, qui se penche sournoisement pour te saluer? Ni nous ni toi ne sommes dupes de ses bonnes paroles. N’est-ce pas ce même Président qui, par ses politiques, fait de la France, pour laquelle tu t’es sacrifié, la lie du fascisme? En dépolitisant ainsi le combat anti-fasciste, il trempe, comme ses prédécesseurs, dans un anti-communisme crasse. Celui-là même qui fut à l’origine de ta persécution puis de ton assassinat, et dont toi et tes camarades en leur temps ont réussi à écraser, les armes à la main, grâce à leur bravoure et leur sacrifice.
Nous n’oublierons jamais que le Conseil national de la Résistance, qui chapeautait l’ensemble des anti-fascistes en France dont tu faisais partie, ne se contentait pas d’affirmer «plus jamais le fascisme, plus jamais la guerre», mais de lutter contre les causes profondes de ces deux barbaries qui ne sont que filles du capitalisme. Ce n’est pas un hasard si Denis Kessler, ex-patron du syndicat du patronat français (le Medef dont Macron se pose en l’un de ses plus habiles serviteurs), Denis Kessler appelait à en finir avec le programme du CNR en 2011…
En ce jour du 21 février 2024 l’hypocrisie haineuse ne nous a pas empêché de t’honorer, toi et tes camarades FTP, comme nous le faisons depuis 80 longues années. Nous sommes allés défier, avec nos sourires, comme tu l’as si bien fait avant nous le 21 février 1944 au Mont-Valérien, ceux qui ont troqué leurs chemises brunes pour des costumes et des tailleurs cintrés. Et comme depuis 80 longues années, en Espagne, en France et partout dans le monde, nous clamons haut et fort « No Pasaran » !