Lutter contre l’impérialisme aujourd’hui

Lutter contre l’impérialisme aujourd’hui


Adrien Welsh
Clarté – Octobre 2024


Lutter contre l’impérialisme fauteur de guerre, prédateur de nos ressources naturelles, principal ennemi de la classe ouvrière et des peuples, demeure sans contredits la tâche la plus pressente de tout communiste, progressiste et démocrate. C’est d’autant plus le cas depuis que l’Ukraine s’est transformée en théâtre macabre d’une guerre de l’OTAN contre la Fédération de Russie et depuis l’automne dernier où, par le truchement des hobereaux sionistes israéliens, l’Impérialisme occidental embrase le Moyen-Orient.

Cette tâche qui nous incombe est également des plus pressantes alors qu’Ottawa s’empresse, avec la bénédiction des partis d’opposition, à dépenser 2% de son PIB dans les crédits de guerre d’ici 2032. Pis encore, un front commun des Premiers Ministres provinciaux ont, à travers la voix du néodémocrate Kinew, exigé un échéancier plus prompt, comme si se vouer à « notre » impérialisme garantissait prospérité à la classe ouvrière et aux masses populaires du Canada… alors qu’il s’agit de les embarquer dans une rivalité entre monopoles dont les premières cibles sont les travailleurs et les masses populaires.

Pour articuler adéquatement cette lutte anti-impérialiste, il nous incombe de comprendre le phénomène dans son ensemble et non sous sa simple forme de surface.

Il serait facile de s’en tenir à ce qui est évident, soit à comprendre l’impérialisme comme une lutte soit dirigée envers un État prédateur (ex. : les États-Unis), ou alors de réduire la lutte à son encontre comme l’appui à toute force qui appuie le droit à l’autodétermination de tel ou tel pays (ex. : appuyer le Hezbollah ou l’Iran anticommunistes dans leur appui – de circonstance – envers la Palestine). On peut penser à mieux : appuyer l’Union européenne du Capital et la création de l’Euro en tant que possible contrepoids à l’hégémonie états-unienne…

Le fait est que l’impérialisme n’est pas une simple politique du capital. Le concevoir de la sorte reviendrait à penser qu’il serait possible d’envisager un état des faits où les monopoles capitalistes peuvent coexister – donc compéttionner –  de façon pacifique sans que ceux-ci ne contrôlent le pouvoir politique, sans annexions ou guerres.

Pourtant, l’impérialisme ne se résume à aucune de ces caractéristiques – bien qu’elles en soient les symptômes. Dans son auguste ouvrage, L’impérialisme, stade suprême du capitalisme, Lénine le répète : l’impérialisme n’est pas une question de politique, de guerres, mais plutôt du capitalisme qui atteint son stade monopoliste.

Pour l’énoncer clairement, réduire l’impérialisme à une confrontation entre régions du monde, États ou nations revient à en éluder la contradiction fondamentale, à savoir celle entre le pouvoir des monopoles et la lutte des peuples et de la classe ouvrière. C’est également refuser de comprendre l’impérialisme comme processus dynamique (donc en constante évolution) et s’obstiner à le penser au-delà de son contexte historique. Car au final, l’impérialisme ne se résume pas à l’ère des guerres, mais aussi à celle des révolutions.

Lorsque Lénine définit l’impérialisme comme « stade suprême du capitalisme », il ne fait certainement pas allusion à un « capitalisme renouvelé », détaché du capitalisme « traditionnel », où les monopoles se seraient substitués à la compétition d’hier, où il faudrait réinventer la lutte et revoir les objectifs. Non. Pour Lénine, « stade suprême » signifie à la fois « stade exacerbé » (où les monopoles intensifient la violence de la compétition plutôt que de l’éliminer) et « stade ultime » (car après l’impérialisme, le capitalisme ne connaitra plus aucune transformation).

Ainsi, lorsque nous appelons à une alliance anti-impérialiste, nous nous empressons d’ajouter que celle-ci doit être anti-monopoliste. Du reste, nous ajoutons que le but de celle-ci n’est pas de renverser le pouvoir des monopoles, mais surtout de rassembler les forces capables d’y parvenir pour abattre le capitalisme et construire le socialisme.


Si l’on devait définir l’impérialisme aussi brièvement que possible, il faudrait dire qu’il est le stade monopoliste du capitalisme. Cette définition embrasserait l’essentiel, car, d’une part, le capital financier est le résultat de la fusion du capital de quelques grandes banques monopolistes avec le capital de groupements monopolistes d’industriels; et, d’autre part, le partage du monde est la transition de la politique coloniale, s’étendant sans obstacle aux régions que ne s’est encore appropriée aucune puissance capitaliste, à la politique coloniale de la possession monopolisée de territoires d’un globe entièrement partagé.

Mais les définitions trop courtes, bien que commodes parce que résumant l’essentiel, sont cependant insuffisantes, si l’on veut en dégager des traits fort importants de ce phénomène que nous voulons définir. Aussi, sans oublier ce qu’il y a de conventionnel et de relatif dans toutes les définitions en général, qui ne peuvent jamais embrasser les liens multiples d’un phénomène dans l’intégralité de son développement, devons-nous donner de l’impérialisme une définition englobant les cinq caractères fondamentaux suivants : 1) concentration de la production et du capital parvenue à un degré de développement si élevé qu’elle a créé les monopoles, dont le rôle est décisif dans la vie économique; 2) fusion du capital bancaire et du capital industriel, et création, sur la base de ce « capital financier », d’une oligarchie financière; 3) l’exportation des capitaux, à la différence de l’exportation des marchandises, prend une importance toute particulière; 4) formation d’unions internationales monopolistes de capitalistes se partageant le monde, et 5) fin du partage territorial du globe entre les plus grandes puissances capitalistes. L’impérialisme est le capitalisme arrivé à un stade de développement où s’est affirmée la domination des monopoles et du capital financiers, où l’exportation des capitaux a acquis une importance de premier plan, où le partage du monde a commencé entre les trusts internationaux et où s’est achevé le partage de tout le territoire du globe entre les plus grands pays capitalistes.

Lénine, (1916), L’impérialisme, stade suprême du capitalisme

Ils ont dit :

« En tant que commandante en chef, je veillerai à ce que l’Amérique dispose toujours de la force de frappe la plus puissante et la plus meurtrière au monde. »

« Je veillerai à ce que ce soit l’Amérique et non la Chine qui remporte la compétition du XXIe siècle. »

– Kamala Harris lors de la Convention nationale démocrate