Trudeau: Des milliards pour Trans-Mountain, pas pour le logement

Trudeau: Des milliards pour Trans-Mountain, pas pour le logement


Stéphane Doucet
redaction@journalclarte.ca
Clarté #53 – Septembre 2023


Justin Trudeau a de la misère à gérer toutes les crises qui lui viennent de toutes parts: logement, inflation, « ingérence étrangère », etc. Pour les communistes, ça se résume très bien en une seule phrase : crise du capitalisme. Mais bon, ce n’est pas tout à fait le point de vue de la classe dirigeante qui nous a livré Trudeau, donc on fait abstraction.

Ceci dit, prenons deux controverses des dernières semaines : le ministre de l’Immigration Marc Miller qui dit vouloir « explorer les liens entre l’immigration et la crise du logement ». Trudeau revient tout de suite pour prévenir que « Ça ne sert à rien de blâmer une personne ou un groupe de personnes pour un problème qui se développe depuis des décennies au Canada. » En ce qui concerne les immigrants, c’est tout à fait juste. Par contre, il y a effectivement un groupe de personnes responsables de la crise du logement : la bourgeoisie!

Effectivement, suite à la fin des subventions fédérales pour la construction de logement social au Canada en 1994, il ne s’en construit presque plus. Ici au Québec, la CAQ vient effectivement d’abolir Accès-Logis, le seul programme qui construisait du logement social, où le loyer était calculé en fonction du revenu. C’est dire qu’il y a un consensus au niveau de la bourgeoisie monopoliste que le logement ne devrait pas être pris en charge par la société et que toute entrave à la spéculation et au profit dans ce domaine doit être tassée.

Pour preuve, voyons un domaine où le gouvernement fédéral n’a pas hésité à mettre le paquet pour soutenir la construction : l’oléoduc Trans-Mountain, acheté par le gouvernement fédéral en 2018 à la compagnie Kinder Morgan pour la somme de 4,5 milliards de dollars. Trudeau est clair là-dessus: « Nous avons acheté ce pipeline pour nous assurer qu’il serait construit parce que cela était dans l’intérêt national ». Bon, maintenant les coûts d’agrandissement du pipeline ont monté de 7,4 milliards à plus de 30 milliards en moins de 5 ans. Bien que Trudeau insiste pour que l’oléoduc soit vendu au privé, une équipe de chercheurs estime que les contribuables auront perdu environ 18 milliards de dollars en bout de compte. Mais le gouvernement persiste.

Alors, pas une petite cenne noire pour le logement social alors que la crise du logement frappe de plein fouet la classe ouvrière: hypothèques et loyers qui montent en flèche, impossible de déménager faute de logements adéquats, etc. Et de l’autre bord, les poches pleines pour un oléoduc hyper-contesté par une grande partie de la population, en pleine crise climatique. Trudeau est clair, l’intérêt national se résume à l’intérêt des monopoles.

Le choix de la bourgeoisie est fait. À nous d’organiser une réponse à leur crise.