Vers la privatisation des logements étudiants à Rimouski?
Vers la privatisation des logements étudiants à Rimouski?
Alex Courtois
redaction@journalclarte.ca
Clarté #48 – Octobre 2022
La crise du logement fait présentement rage au Québec et fait des milliers de victimes. Ce n’est plus aujourd’hui uniquement l’apanage des plus vulnérables de souffrir de ce mal. La « classe moyenne » est maintenant affectée, voyant les logements qui leur étaient abordables disparaitre en même temps que leur pouvoir d’achat. Que dire alors de l’accès à la propriété? Sinon qu’il échappe de plus en plus à la grande majorité de la population. Je me dois aussi de souligner la condition des Premières nations quant à l’enjeu du logement tant dans les villages nordiques, en ville comme dans les communautés.
Qu’en est-il d’une ville du Bas-Saint-Laurent comme Rimouski? Selon le dernier rapport annuel de la Société canadienne et d’hypothèques et de logement, le taux d’inoccupation y est extrêmement bas (0,2%).
Une nouvelle menace vient faire une ombre de plus au tableau : le Directeur général et le CA du Collège de Rimouski ont fait connaitre leur intention de vendre les résidences étudiantes afin d’éponger une dette factice liée au définancement des établissements d’enseignement.
Le 19 mai 2022, à la salle George-Beaulieu, environ 150 membres du personnel sont venus s’enquérir du plan de redressement financier du Collège de Rimouski, mais les étudiant-es se sont vus refuser l’accès. Ceux-ci manifestent contre ce plan de privatisation des logements étudiants. L’administration leur répond en envoyant les policiers de la SQ.
Elle met l’assemblée devant un fait accompli en proposant trois options.
L’option A propose des compressions budgétaires, ce qui se traduirait concrètement par des suppressions de postes du personnel de soutien ou de personnel professionnel.
L’option B combinerait à la fois des compressions et la vente de terrains.
Quant à elle, l’option C consiste en la vente des résidences.
Une quatrième option, « C+ », consacrerait la vente des résidences, mais le Collège en demeurerait partenaire. Il partagerait les coûts d’exploitation et de rénovation, et compterait sur une offre élargie de services afin de générer des profits.
Un jour plus tard, les médias relayent qu’il ne reste plus que 3 jours pour prendre position sur l’avenir du Collège. Les différents acteurs impliqués rédigent une lettre demandant que le gouvernement se porte garant de la dette du Collège.
Loin d’être un épisode isolé, il s’agit plutôt d’un schéma classique visant à brader le service public d’enseignement et de ce fait intensifier la marchandisation de l’éducation à Rimouski ou ailleurs. Il s’agit, au final, de faire de nos institutions d’enseignement des entreprises rentables et non plus des institutions publiques.