Les subventions électriques : une manne pour l’industrie automobile

Les subventions électriques : une manne pour l’industrie automobile


Togliatta Gorodovskaya
redaction@journalclarte.ca
Clarté – Mars 2023


Selon une étude journalistique conduite en Italie en mai dernier, l’électrification des véhicules représenterait une augmentation de 800 milliards d’euros pour les constructeurs automobiles dans les dix années à venir. La valeur marchande de Volkswagen augmenterait ainsi de 253%, celle de Mercedes-Benz de 471%, contre 472% chez BMW et “seulement” 70% chez Toyota.

Il ne fait alors aucun doute que l’intérêt soudain des constructeurs automobiles n’a rien à voir avec des considérations environnementales. Ils sont mus par des profits potentiels d’autant plus faciles à réaliser que les technologies qui permettent de remplacer les moteurs thermiques sont le produit de recherches financées par les deniers publics et qu’au Canada comme aux États-Unis, des programmes de subventions sont mis en place pour permettre d’amortir les coûts autrement prohibitifs de se procurer des véhicules électriques.

Ajoutons à ces considérations le fait que la réparation des moteurs électriques implique un savoir-faire technique hautement qualifié. Fini donc le mécanicien de quartier : seuls les monopoles seront outillés pour des réparations même les plus mineures, sans compter qu’au bout de 75 000 km environ, les batteries électriques doivent être changées – onéreuses autant sur le plan financier qu’environnemental.

La composition organique du capital accrue est une autre conséquence de l’introduction de cette nouvelle technologie. Autrement dit, la marge de profit des capitalistes se retrouve réduite à peau de chagrin, quelques pourcents tout au plus. Ainsi, la seule solution pour rentabiliser leur produit est de quémander plus de subventions (donc un transfert encore plus massif d’argent du travail vers le capital) et une baisse de salaires et de conditions de travail.

Avant même les accords signés avec les géants de l’industrie automobile allemande (VW et Mercedes) dans le sillage de la venue du Chancelier Olaf Scholz en aout dernier, Québec voyait grand et cherchait à développer la filière de la batterie électrique. C’est ainsi que Québec était prêt, dès l’automne 2020, à y investir 1,5 milliard de dollars. En janvier, on apprenait que plus de 10 000 employé-es seraient recherchés pour que le Centre-du-Québec devienne la “Silicon Valley” de la batterie électrique. À ceci près : l’idée n’est pas de développer un produit fini, mais simplement une composante à coup de millions de subventions publiques qui finiront dans des voitures construites ailleurs et revendues à valeur ajoutée, sans doute avec une deuxième ronde de subventions… Tout bénéfice pour les multinationales qui, en attendant, se la jouent “environnementaliste” !