Histoire de fiançailles rompues : QS et les régions

Histoire de fiançailles rompues : QS et les régions


Léo Boivin
redaction@journalclarte.ca
Clarté #49 – Janvier 2023


Aux élections de 2018, Québec Solidaire (QS) avait surpris une bonne partie du Québec en triplant sa députation à l’Assemblée Nationale et en perçant en région (Abitibi-Témiscamingue et Estrie). Considérant qu’à l’Assemblée Nationale il n’y a en vérité que la faible opposition de QS (le PLQ et le PQ ne remettant pas en cause la ligne patronale de la CAQ), il aurait été raisonnable de s’attendre à de plus grands gains encore de la part de QS. Or, c’est le contraire qui s’est produit, avec la perte de sièges en région et le gain de sièges à Montréal. Un post-mortem s’impose.

Ce qui caractérise la stratégie de Québec Solidaire et qui explique en partie le fait qu’il ait gagné en crédibilité dans la sphère politique bourgeoise est le fait qu’il s’en prend de moins en moins aux racines des contradictions politiques et économiques au Québec. D’un parti aux revendications antipatronales et social-démocrates, il s’est détendu en un parti voulant recycler le capitalisme à l’avantage des « travailleu.r.se.s. » Or, en mettant de côté l’analyse de classe, il s’est nécessairement dissocié du conflit principal de notre société : la confrontation Capital-Travail. En se concentrant sur des enjeux d’abord sociétaux – quoique très importants à considérer au sein d’une analyse de classe complète – tels l’environnement, l’antiracisme, etc., QS a abandonné la solution à ces enjeux en abandonnant leur analyse basée sur la classe.

Comment expliquer la plus grande défaite de QS en octobre 2022 : Rouyn-Noranda—Témiscamingue ? Pourtant, l’enjeu parfait s’y trouvait : la fonderie Horne. QS se targue d’être le seul parti provincial avec une ligne conséquente sur la crise climatique et environnementale. Comment alors expliquer que c’est le candidat de la CAQ – le parti qui souhaite faire passer sur le dos de l’État les réparations de l’usine, quitte à la laisser dans l’état présent, mettant en danger des milliers de norandai.s.e.s – qui ait gagné ? Dans le numéro précédent de Clarté, j’exposais la nécessité de nationaliser la fonderie Horne, pour plusieurs motifs, mais l’un d’eux étant la sauvegarde des emplois et de l’économie régionale, mais aussi la favorisation d’une indépendance économique et politique du Québec et du Canada face aux États-Unis. La réponse à QS face à cet enjeu ? Fermer l’usine. Paf ! dossier clos.