Des élections fédérales plus tôt que prévu?

Des élections fédérales plus tôt que prévu?


Adrien Welsh
Clarté – Mars 2025


Les tables tournent au gré des vents politiques. À l’automne, le Parti libéral semblait n’avoir de salut qu’en gagnant du temps devant une chambre des Communes prête à le débouter du jour au lendemain. Poilièvre et les Conservateurs au contraire espéraient une élection le plus rapidement possible.

C’est dans ce contexte que Trudeau annonce à la fois sa démission et la prorogation du parlement jusqu’au 24 mars. Sa manœuvre est mal comprise et perçue comme maladroite. Pourtant, elle est sciemment ourdie. Le Parti libéral comprend que ses meilleures chances sont liées d’une part à une nouvelle figure à sa tête et de l’autre, à la conjoncture induite par l’arrivée de Trump aux États-Unis. Celle-ci galvanise un nationalisme canadien et surtout, présente les Conservateurs et Poilièvre comme cinquième colonne de Trump.

Cette dynamique semble avoir porté fruit. Le banquier Carney, plébiscité comme meilleur candidat pour affronter Trump, amasse près de 2 millions de dollars lors de sa campagne à la chefferie du Parti libéral et ce, avec un programme socio-économique tout conservateur!

Ainsi, les tables ont tourné. L’heure ne serait plus à l’hégémonie conservatrice annoncée. Les Libéraux pourraient donc être tentés de déclencher des élections plus rapidement que prévu… Plus tôt même que le 24 mars.

Quoi qu’il en soit, la classe ouvrière n’a pas à choisir entre l’une ou l’autre des options du capital qui rivalisent dans leur manière de faire porter le fardeau de la crise du capitalisme sur la classe ouvrière. Plus la crise s’exacerbe, plus la fuite en avant de l’impérialisme est manifeste, plus les nuances entre libéraux et conservateurs s’estompent. Le NPD continue de négocier sa place comme garant de la paix sociale alors que le Bloc joue la carte de la surenchère nationaliste, peu importe qu’elle soit de gauche ou de droite dans le but de satisfaire les intérêts d’une section du patronat québécois qui cherche à se faire coopter dans l’étai impérialiste nord-américain par une possible indépendance du Québec. Le Parti vert quant à lui appelle à se détourner des questions sociales, soit de l’affrontement capital-travail, au profit d’une écologie inoffensive pour le patronat, mais certainement anti-ouvrière.

Les travailleurs et la classe ouvrière n’ont pas à se contenter d’un tel raout imposé par le capital. Nous n’avons pas à négocier le poids de nos chaines alors qu’il est plus clair que jamais que le capitalisme a fait son temps. En régime impérialiste, aucune section du capital n’est patriote. Aucune section du capital n’est progressiste. De même, aucun conflit entre les différents monopoles ne peut être réglée autrement que par la guerre.

C’est pourquoi l’issue populaire à cette crise capitaliste que proposent les communistes ne peut être conquise que par la lutte constante et tenace dans les rues, mais aussi dans l’arène politique, ce qui implique un Parti communiste renforcé sur tous les plans, y compris électoralement.