Sorel-Tracy : Entre succès et mépris
Sorel-Tracy : Entre succès et mépris
Maxime Bérubé
redaction@journalclarte.ca
Clarté #51 – Mai 2023
Succès des débardeurs
C’est le 13 Mars dernier que les débardeurs du port de Sorel-Tracy ont ratifié leur nouvelle convention collective après plus d’un an de négociations difficiles étalée sur 17 séances. Avec comme litige principal les horaires et les heures supplémentaires, les syndiqué.e.s ont finalement obtenu une augmentation salariale de 16,5% ainsi qu’un plancher d’emploi de 30 employé.e.s séniors et 10 réguliers. Ces derniers ont aussi maintenant droit à un régime de retraite. Le conflit avec la partie patronale avait atteint son paroxysme au début du mois de mars alors que la dernière offre de celle-ci avait été refusée par les membres du syndicat et un mandat de grève illimitée voté à l’unanimité, une solution qui n’aura finalement pas été appliqué.
Mépris envers les cols bleus
Pour les cols bleus de la ville, la situation est tout autre. Sans convention depuis janvier 2022, ces travailleur.euse.s trouvent sur la table des négociations rien de plus que du silence et des insultes. « Les pourparlers stagnent depuis maintenant 15 mois. Tout ce temps, les représentants de la ville à la table de négociation nous ont répété qu’ils n’ont pas de marge de manœuvre », affirme Martin Gingras, président du Syndicat des employé-es municipaux de Sorel-Tracy–CSN. « Après 15 mois à se faire servir la même cassette, est-ce que le maire et les conseillers peuvent enfin jouer leur rôle de leader et permettre aux négociations d’avancer? »
Les ouvriers font la demande d’une augmentation salariale de 4,8% sur 5 ans, avec une augmentation plus grande la première année en raison de l’inflation. La réponse des patrons? C’est 2,05% et un « allez travailler ailleurs si vous êtes pas contents », suivi d’une menace de les remplacer par des sous-traitants! « Avec le contexte actuel d’inflation et de pénurie de main-d’œuvre, les demandes des travailleuses et travailleurs sont justifiées. L’attitude des dirigeants de la ville n’est pas sérieuse », soutient Simon-Mathieu Malenfant, vice-président trésorier de la Fédération des employées et employés de services publics–CSN. Annette Herbeuval, présidente du Conseil central de la Montérégie–CSN, renchérit : « Il faut dénoncer le manque de respect et l’attitude de fermeture à la table de négociation. Les travailleuses et les travailleurs municipaux peuvent compter sur l’appui des syndicats de toute la Montérégie. Nous sommes à leurs côtés ». L’unité, c’est beau à voir! Les employé.e.s ont voté pour un nouveau mandat de grève d’une durée de 21 jours, suivant un autre mandat en décembre dernier de 5 jours. Ils ont aussi amené leurs griefs au niveau politique en dérangeant la tenue du conseil municipal.
Beaucoup pour bien peu
Alors que le coût de la vie explose, les demandes des syndicats de Sorel-Tracy doit être considérée comme plus que raisonnable. Le 4,8% sur 5 ans que demandent les cols bleus n’est même pas à la hauteur de l’inflation des deux dernières années, qui elle est autour de 6%. La réponse agressive patronale n’est rien de plus qu’une réponse honnête : acceptez l’exploitation ou soyez remplacés. Cette attitude, ils peuvent se la permettre car ils disposent de l’appareil légal de l’État pour mettre des bâtons dans les roues des travailleur.euse.s et de sous-traitants bon marché afin de contrer tout moyen de pression. C’est pourquoi il est essentiel que la lutte dépasse la forme imposée par l’État bourgeois, celle des pourparlers unilatéraux étroits. Il faut pousser le militantisme vers la lutte politique, vers un programme qui demande de répondre au besoin des gens plutôt que le profit, vers un 100$ de plus par semaine pour toutes et tous. La réponse à l’attaque du patronat contre les ouvriers est le front commun démocratique et la lutte de classe.