Après le désastre, les pompiers de la SOPFEU entrent en négociation

Après le désastre, les pompiers de la SOPFEU entrent en négociation


Stéphane Doucet
redaction@journalclarte.ca
Clarté #52 – Août 2023


Selon certaines données, avant même que la saison des feux de forêt soit entièrement terminée, plus de 25 fois la surface moyenne des feux des dix dernières années a brûlé au Québec. Au Canada en général, la situation est relativement moins grave, mais tout de même une année record, la superficie dévastée dépasse par 6 fois la moyenne des dix dernières années. À la SOPFEU (Société de protection des forêts contre le feu), les travailleurs, affiliées à UNIFOR, reprennent leur souffle tout en se préparant à une nouvelle bataille à mener, cette fois-ci sur un front différent, mais qui pourrait être chaud lui aussi!

Selon un communiqué de presse du 20 juillet, le syndicat « insiste sur le fait que ces travailleurs et travailleuses doivent bénéficier de salaires et avantages compétitifs afin de retenir les talents et d’attirer de nouveaux candidats qualifiés ». En effet, plusieurs facteurs font en sorte que l’organisme peine à retenir ses employés, causant des difficultés de santé et sécurité, de burnout et de performance. Dur de retenir des travailleurs qualifiés et spécialisés sans de bonnes conditions de travail, surtout alors que ce sont dans la grande majorité des emplois saisonniers.

Avec la propagation de plus en plus fréquente des incendies de forêt à travers le Canada, mais également à l’échelle mondiale, les anciens systèmes de partage des ressources entre les provinces, les territoires et même différents pays se trouvent désormais en péril. C’est maintenant impossible de se fier sur des pompiers d’ailleurs alors que la demande pour leurs services explose. Cette situation compromet également la capacité des pompiers québécois à honorer leur devoir de solidarité avec le reste du pays et d’autres pays.

De plus, le roulement constant de personnel nuit à la qualité du travail alors qu’on est dans une période où l’expertise vaut de l’or. Selon les données de la Colombie-Britannique à propos de son propre service de pompiers forestiers, environ 20% des pompiers sont renouvelés chaque année. Comment régler cela? Améliorer les salaires et les conditions de travail. Selon Valérie Martin, pompière forestière et présidente de la section locale Maniwaki-Tremblant, les salaires des corps de métier dans les autres secteurs essentiels sont beaucoup plus avantageux, sans compter les horaires saisonniers et intensifs.

La SOPFEU étant un organisme indépendant, ceci permet au gouvernement provincial de se départir d’une grande part de responsabilité dans tout ce qui touche aux conventions collectives, aux négociations, mais plus fondamentalement sur toute la question plus politique de la planification et la protection des forêts. Ainsi, notre principal point de référence pour évaluer l’engagement envers la protection des forêts, la préservation de la qualité de l’air, la résistance des communautés nordiques face aux mutations climatiques, la vitalité économique des régions, et bien plus encore, repose essentiellement sur le niveau de financement accordé à cet organisme.

La population québécoise serait mieux servie par une SOPFEU faisant carrément partie du secteur public: plus démocratique, sous la responsabilité politique du gouvernement, plus ouverte au débat public. En attendant, les travailleurs de la SOPFEU méritent des conditions dignes du travail essentiel qu’ils et elles font pour protéger notre patrimoine collectif et notre santé. Nous leur adressons nos vœux de courage, d’unité et de solidarité alors qu’ils entament leurs négociations.