« Privatisator » met la main sur Hydro-Québec… qui électrisera l’impérialisme occidental
« Privatisator » met la main sur Hydro-Québec… qui électrisera l’impérialisme occidental
Adrien Welsh
redaction@journalclarte.ca
Clarté #53 – Septembre 2023
Le 1er aout dernier, Michael Sabia assume ses fonctions en tant que PDG d’Hydro-Québec. Il succède ainsi à Évelyne Brochu, qui a claqué la porte à cause de divergences sur l’avenir de la Société d’État. Elle déclarait s’opposer à ce que le Québec devienne un « Dollarama de l’électricité ». Un peu trop tard pour celle qui a été une des chevilles ouvrières de ce plan, mais passons!
Ce qui est certain, c’est que lorsque M. Sabia est nommé en mai dernier pour prendre la relève, le gouvernement CAQ professe sa foi en faveur de la privatisation. Son parcours est, à ce sujet, édifiant :
– 1990 : Sabia suit Paul Tellier, greffier du Conseil privé lorsque ce dernier quitte cette institution au profit du CN dans le but d’en piloter la privatisation;
– 1999 : Il mute vers Bell Canada (BCE) et en devient le Chef de direction trois ans plus tard. Sous sa tutelle, les employés perdent tous leurs avantages sociaux de retraite;
– 2020 : Sabia quitte son poste de PDG de la Caisse de dépôts et placements (cheville ouvrière du capitalisme monopoliste d’État au Québec). Il assume entre autres la présidence du Conseil d’administration de la banque d’infrastructure du Canada, une institution où l’État canadien orchestre la privatisation des grands projets d’infrastructure et en assume tous les risques.
De ce court pedigree, on retient deux éléments : ses attaques anti-ouvrières et son excellence à transformer des sociétés d’État en entreprises privatisées bénéficiant d’un haut degré de financement public. Autrement dit, sa spécialité est de s’attaquer à la classe ouvrière en socialisant les pertes tout en privatisant les profits…
Alors que les annonces en matière de subventions à la filière batterie sous prétexte de « transition énergétique » se succèdent et sont parsemées d’appels à la sobriété énergétique, voire à la tarification différentielle (on demanderait donc à un salarié d’arrêter le chauffage la nuit et de cuisiner à 4h du matin), force est de constater que Legault, Fitzgibbon et Sabia n’ont qu’une envie : faire d’Hydro-Québec le pourvoyeur électrique des monopoles de l’ensemble de l’Amérique du Nord.
Or, ce plan n’est pas étranger à la situation internationale. En effet, alors que la Chine produit plus de la moitié des véhicules électriques et contrôle la majorité de la filière batterie, les États-Unis sont pris de court dans cette compétition mondiale exacerbée. Ils se tournent donc vers le Québec, qui détient des ressources considérables tant au niveau du potentiel hydrique que des minerais nécessaires à la fabrication de batteries électriques.
Ainsi, le but final de M. Sabia, notre « privatisator » national, n’est pas seulement d’amener Hydro-Québec sur cette voie (quoique lorsqu’il était sous-ministre des Finances, il proposait la privatisation de facto des barrages hydroélectriques), mais surtout d’en faire une succursale de l’impérialisme états-unien dans sa compétition contre la Chine.
Et lorsque cette compétition s’exacerbera au point de mener à une guerre, on pourra sans doute compter sur des tanks électriques subventionnés par Hydro-Québec… Après le capitalisme vert, voici l’impérialisme vert!