Nationalisons le Fonderie Horne!
Nationalisons le Fonderie Horne!
Léo Boivin
redaction@journalclarte.ca
Clarté #48 – Octobre 2022
Ces derniers temps, tout le Québec a été alerté des taux dangereusement élevés d’arsenic dans l’air ambiant à Rouyn-Noranda et environs. Cet élément extrêmement toxique a donc été absorbé par la vaste population du chef-lieu de l’Abitibi-Témiscamingue sur une période de plusieurs années. Seul le temps montrera les dévastes que cela causera à la santé des rouyn-norandais; et le poids qui sera ajouté sur le réseau de santé québécois, vascillant en régions.
L’arsenic est un élément chimique isoélectronique – c’est-à-dire chimiquement similaire – au phosphore. Or, dans le corps, le phosphore a des utilités extrêmement cruciales, y compris dans notre ADN (notre code génétique) et notre ATP (notre unité de base d’énergie pour nos cellules, essentielle pour tout processus biologique). Lorsque l’arsenic entre dans le corps, il y remplace le phosphore dans ces molécules-clé. Les effets toxiques naissent du fait que les biomolécules contenant de l’arsenic ne réagissent pas de la même façon que le phosphore, menant à une dysfonction des processus biologiques s’appuyant sur l’ADN, l’ATP, etc.
Depuis que l’on connaît la toxicité de l’arsenic, soit depuis le XIXe siècle, l’arsenic a été retiré de la plupart des produits de consommation. Pourquoi le retrouve-t-on alors dans l’air? C’est parce que le l’arsenic se retrouve comme impureté dans les minerais extraits pour la production de métal. L’Abitibi-Témiscamingue est le grand trésor minéral du Québec et donc l’épicentre de l’industrie minière. L’arsenic est un métalloïde, ce qui signifie qu’il réagit similairement, mais pas tout à fait comme les métaux. Les processus de purification des métaux génèrent des espèces chimiques gazeuses contenant de l’arsenic (tel que l’arsine), et des particulats d’arsenic et d’oxydes d’arsenic.
Nous avons eu beaucoup de temps depuis le XIXe siècle pour développer des méthodes d’élimination de l’arsenic. Pourquoi alors Glencore, propriétaires de la Fonderie Horne, ne les ont-ils pas mis en place? Certes, à l’échelle d’une usine, ce sera un grand travail que d’en faire l’installation, la maintenance, etc. et une grande dépense monétaire. Cependant, cela n’excuse pas le mépris pour la santé publique de la part de cette grande compagnie minière ! Ils ont tous les moyens pour le faire !
C’est exactement parce que cela constituerait une dépense importante et une pause aux opérations de cette fonderie que Glencore ne veut accéder aux demandes de la population québécoise. Cela constituerait une attaque à ses profits : elle en appelle donc au gouvernement du Québec pour lui donner une aide financière, pour garantir ses profits malgré sa faute. Voici la vérité : la Fonderie Horne représente des profits desquels Glencore ne veut pas se départir d’un sou, en mépris total pour les être humains et leur santé. Elle exige du gouvernement québécois qu’elle puisse continuer à encaisser les mêmes niveaux de profits, que ce soit sur le dos de la santé des norandai.se.s, ou sur le dos des coffres de l’État.
Et devant cela, la mairesse de Rouyn-Noranda, Diane Dallaire, qui est en faveur de telles concessions – au nom de la « sauvegarde » de l’économie régionale – a le culot de dire craindre que la « solution » crée des divisions dans la population : autrement dit, que la population norandaise soit critique de son pouvoir. Et sur ce point, il faut être d’accord avec la mairesse, mais dans le sens opposé : cette « solution » ne doit pas diviser, mais unir les citoyens et la classe ouvrière non seulement de Rouyn-Noranda, mais du Québec tout entier, contre la « solution » qu’elle représente et pour une vraie solution.
Quelle est cette solution ? Saisir et nationaliser la Fonderie Horne. Un contrôle d’État, et mieux encore un contrôle démocratique et populaire, permettrait de mettre comme priorité n°1 la santé et la sécurité des gens, et non les profits. Mais encore, tous les secteurs industriels d’importance devraient être nationalisés pour assurer la santé, la stabilité et la prospérité de la classe ouvrière. Et aussi pour assurer la vraie sauvegarde de l’économie de nos régions. Sur ce point, Mme Dallaire devrait prendre des notes.
Et que l’éventuelle nationalisation de la Fonderie Horne serve d’avertissement. Oui, qu’elle soit un avertissement à toute compagnie cherchant à s’enrichir sur le dos de la santé de la classe ouvrière québécoise – et de tous les pays.
Car la logique de conciliation avec les géants miniers n’est pas sans rappeler les politiques duplessistes d’ouverture béante du sol riche québécois aux minières étatsuniennes. Le sol québécois est à la classe ouvrière québécoises, nationalisons l’industrie minière !