L’industrie minière québécoise au service du militarisme US

L’industrie minière québécoise au service du militarisme US


Léo Boivin
Clarté – Juillet 2024


Dernièrement, il a été dévoilé que l’entreprise minière Lomiko Metals Inc a reçu une subvention du secrétariat à la défense des États-Unis (Pentagone) pour l’extraction de graphite dans la Haute-Gatineau. Alors que ce projet sème l’émoi au niveau environnemental parmi la population locale, les implications politiques et impérialistes de ce projet semblent passées sous silence.

Si l’impérialisme US a réussi à écarter l’influence de la Fédération de Russie dans la foulée de l’invasion illégale de cette dernière en Ukraine, il peine toujours à en faire de même pour son plus crédible concurrent économique : la République Populaire de Chine. Les tensions toujours montantes entre l’OTAN et la Chine sont signes d’une guerre froide en pleine prise d’ampleur. Mais devant ces rivalités, les menaces d’action militaire grandissent de plus en plus. C’est pourquoi le secteur militaire de la machine impérialiste US cherche à s’affranchir de sa dépendance en matières premières provenant de Chine.

Et pour remplacer le graphite chinois composant les anodes de batteries électriques Li-ion à haute performance, les États-Unis se tournent à nouveau vers les terres riches en ressources minières du Québec et du Canada. Miner le lithium, le graphite, et les autres constituants au Québec à prix d’aubaine sans bénéfice aucun pour la classe ouvrière québécoise, puis assembler les batteries aux États-Unis leur est un stratagème idéal.

Si la destruction de l’environnement avoisinant est également préoccupante, la soumission économique et politique du Québec et du Canada à l’économie guerrière des États-Unis l’est d’autant plus. Ce qu’il incombe au Canada est de développer sa propre politique étrangère – une politique de paix – et d’affranchir son économie de l’impérialisme US.

Les enjeux de préservation de l’environnement, s’ils ne sont pas inscrits dans une démarche antimonopoliste et antiimpérialiste – c’est-à-dire inscrits dans une perspective de classe, – seront inévitablement recyclés par la bourgeoisie et l’impérialisme. Des invasions avec tanks électriques ? Des coups d’état écolos ? C’est adapter la grogne quant à la surpollution contribuée par le secteur militaire afin de la rendre inoffensive pour les monopoles et leur pouvoir.

Le problème dans la mine de Lomiko, ce n’est pas qu’elle permet de construire des batteries Li-ion. C’est que ce faisant elle pollue les localités à la ronde, mais surtout qu’elle contribue à envenimer des relations déjà très tendues entre les États-Unis et la Chine… des tensions dans lesquelles le Canada est intrinsèquement lié.

La manie qui entoure les soi-disant « ingérences étrangères » attribuées à la Chine (avec, faut-il le dire en passant, très peu de preuves outre des ouï-dires du SCRS) fait régulièrement la une des journaux. Mais l’ingérence politique et économique soutenue et massive de la part des États-Unis?… et bien, ça c’est normal, c’est business as usual.