Kateb Yacine, d’écrivain public à écrivain du peuple

Kateb Yacine, d’écrivain public à écrivain du peuple


Normand Raymond – Le poInt artistique
redaction@journalclarte.ca
Clarté #47 – Août 2022


Né en 1929 à Constantine d’une famille chaouie, un groupe ethnique des Berbères de l’est de l’Algérie coloniale, Kateb Yacine, constructeur de la culture algérienne, est également considéré comme le père fondateur de la littérature maghrébine moderne de langue française, ainsi que l’une des figures de proue de la littérature arabe dont la vie et l’œuvre sont marquées par l’engagement politique, plus particulièrement en tant que militant communiste algérien. Loin d’être un nationaliste chauvin, il apparait, malgré la tentative du FLN au pouvoir de frapper de silence la contribution du Parti communiste algérien dans la lutte de libération nationale, comme un héros de l’indépendance de l’Algérie, qui célèbre cette année ses 60 ans.

Si le 8 mai 1945 souligne la victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie et la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe, en Algérie, cette date marque aussi le début des massacres de Sétif, Guelma et Kherrata, réprimés dans le sang par l’armée française. Dès l’âge de 16 ans, il prend part aux manifestations nationalistes, indépendantistes et anticolonialistes à Sétif, et se retrouve bientôt sous des morceaux de cadavre, puis en prison. C’est là, dans le combat pour la libération de son pays, où Kateb comprend la grandeur du peuple algérien.

En 1947, Kateb s’exile à Paris, où il travaillera d’abord comme écrivain public pour ses compatriotes et occupera les métiers les plus divers dont celui de débardeur. Dès lors, il vivra près de douze ans en exil, non seulement en France mais également en Italie, en Allemagne, en URSS et même au Vietnam. En tant qu’auteur, il écrit des romans, des poèmes, des pièces de théâtre, des essais, et sera également journaliste et metteur en scène de théâtre. Soliloques (1946), Nedjma (1956), Le cercle des représailles (1959), contenant entre autres la pièce Le cadavre encerclé, Le polygone étoilé (1966), L’homme aux sandales de caoutchouc (1970), en hommage au Vietnam et à Ho Chi Min, sont les œuvres les plus représentatives de cet écrivain du peuple.