Au-delà du 3e lien : QS incapable de rejoindre les électeurs

Au-delà du 3e lien : QS incapable de rejoindre les électeurs


Léo Boivin
redaction@journalclarte.ca
Clarté #54 – Novembre 2023


Les résultats de l’élection partielle dans Jean-Talon ont choqué la sphère politique bourgeoise avec un premier recul de la CAQ de François Legault au profit du microscopique Parti Québécois. Que devons-nous y comprendre ?

Les reculs de la CAQ sur la question du 3e lien sont cités comme première raison de leur plus récent échec électoral dans cette circonscription située à Québec. S’il est vrai que ce facteur a sans doute influencé la population de la circonscription, cela n’explique pas pourquoi ce château fort du parti libéral a passé de la CAQ au PQ (surtout compte tenu du fait de la perte massive en crédibilité de ce dernier), plutôt que de retourner au PLQ ou d’atterrir chez QS.

Tandis que la seule opposition au pouvoir personnel de François Legault à l’Assemblée nationale consiste en Québec solidaire (la ligne politique économique de la CAQ et du PLQ ne se distinguant pas l’une de l’autre pour toutes fins pratiques), c’est vers le PQ que les électeurs mécontents de Jean-Talon se sont tournés.

La magnitude de ce mécontentement (deux fois plus de votes PQ que CAQ) ne peut pas s’expliquer seulement par le 3e lien. Le 3e lien est un enjeu de second voire troisième plan par rapport aux difficultés que vit la classe ouvrière et les menaces aux services publics qui planent à l’horizon. Ce n’est pas l’aversion justifiée de QS envers le projet du 3e lien qui explique son échec monumental.

La classe ouvrière n’est pas dupe. Elle voit comment Québec solidaire se concentre de plus en plus sur des enjeux sociaux secondaires aux dépens de se pencher sur le fond économique de la question. Québec solidaire change constamment d’orientations au profit de l’aile parlementaire et aux dépens de l’aile militante. Il suit les enjeux faciles à gagner, et non pas les conflits de longue haleine à endurer. Par conséquent, ce sont des enjeux timides qui arborent sa plateforme électorale. En ce moment, dans un contexte d’inflation record et d’instabilité géopolitique sans précédent depuis la guerre froide, ce ne sont pas des gains timides qui intéressent la classe ouvrière. Nous en sommes rendus au point où QS et le PLQ sont les seuls en accord sur des enjeux sociaux et démocratiques, et ensuite en désaccord sur des enjeux économiques.

Plutôt que de rejoindre le parti prétendument des masses (QS), plutôt que de retourner au PLQ auquel la circonscription était restée loyale de sa création jusqu’à 2019, et plutôt que de rester avec la politique patronale de la CAQ, la circonscription de Jean-Talon a choisi le PQ et sa ligne réactionnaire contre les minorités de tout genre.

Qu’en est-il pour la suite de Québec solidaire ? Nous devons nous attendre à ce que QS, sans un remaniement fondamental vers la classe ouvrière soit effectué, continue d’essuyer des échecs électoraux. Sans le soutien de sa « base, » ce parti risque ou bien de s’effondrer de manière spectaculaire, ou bien de rejoindre le rang des partis bourgeois ossifiés.

Et qu’en est-il pour la classe ouvrière, où trouvera-t-elle son appui au parlement ? Une chose est certaine, elle ne doit pas compter sur la politique bourgeoise des partis bourgeois. Elle doit bâtir un parti révolutionnaire qui défendra ses intérêts contre les intérêts de la bourgeoisie en tout temps et en tous lieux, y compris à l’Assemblée nationale.