Cuba : une crise made in USA
Cuba : une crise made in USA
Adrien Welsh
Clarté – Mars 2025

Depuis le triomphe de la Révolution cubaine, les États-Unis ont toujours intrigué pour faire capoter le projet de souveraineté populaire dans la plus grande ile des caraïbes. Singeant la France qui, en 1804, somme les esclaves de Saint-Domingue rebellés devenus indépendants (donc affranchis politiquement) de verser un tribut de 150 millions de Louis d’Or, soit des dizaines, voire une centaine de milliards d’Euros, ils imposent à Cuba un blocus économique qui coute, au bas mot, 421 millions de dollars par mois… et 150,4 billions depuis son imposition.
Ces tortionnaires asphyxient Cuba, puis blâment la victime pour son malheur! Depuis l’application du blocus, le but est clair : tenir la population en otage dans l’espoir qu’elle se rebelle et se voue à l’impérialisme de la séduction des anciens maitres qui faisaient de Cuba un terrain de jeu pour la mafia, un bordel à ciel ouvert et un protectorat économique.
Ils n’ont d’ailleurs pas lésiné sur les moyens : plus de 120 millions de dollars des contribuables états-uniens ont été gaspillés pour financer des projets subversifs à travers l’USAID, soit l’agence « humanitaire » de la CIA. On pourrait également mentionner les millions alloués aux bombardements de la République dominicaine de 1965, puis de Grenade vingt ans plus tard comme de l’appui sans faille aux paramilitaires colombiens pour empêcher l’avènement de gouvernements populaires capables de désenclaver Cuba socialiste.
Mais malgré ces tentatives, même après la Période spéciale des années 1990, le peuple Cubain a tenu bon et défendu sa Révolution. Malgré certaines concessions de l’ère Obama, Cuba demeure dans la ligne de mire des États-Unis qui n’ont jamais toléré ce premier « territoire libre des Amériques » à 90 milles des côtes de Floride. Pandémie et ralentissement du tourisme lèsent l’économie cubaine subséquemment torpillée par l’administration Trump qui la réinscrit sur la Liste des États souteneurs de terrorisme, puis impose 243 mesures coercitives additionnelles contre l’ile caribéenne.
Biden a eu beau permettre six jours de trêve avant de passer le pouvoir à Trump, ce dernier s’est empressé, tel qu’entendu, d’asphyxier Cuba de plus belle. Aux abois, son économie risque de ne plus garantir les fondamentaux de la Révolution. En effet :
- L’IDH est passé du 53e dans le monde en 2007 au 83e en 2022;
- Pour la première fois, en 2024, Cuba a dû recourir au PAM pour fournir en lait les enfants de moins de 7 ans;
- 70% des revenus de la population moyenne sont consacrés à l’alimentation;
- Les biens garantis par la carte de rationnement sont coupés;
- 80% de la nourriture est importée;
- 10% de la population n’a pas accès à assez d’eau potable;
- Le salaire moyen se situe entre 16 et 23$ par mois;
- Les retraites ne dépassent pas 5$ par mois;
- L’inflation atteint les 31%;
- 1/3 des enfants vivent dans la pauvreté selon l’UNICEF;
- La mortalité infantile a crû de 50%
- 12 000 médecins ont déserté;
- Il manque 24 000 enseignants pour l’année scolaire en cours;
- Un million de personnes ont quitté le pays depuis 2020, principalement dans la tranche d’âge comprise entre 15 et 49 ans, soit les forces vives de la nation.
Cette crise, est inédite depuis 1959, preuve qu’elle résulte des sanctions illégales imposées par les États-Unis, pourtant dénoncées de façon consensuelle par l’Assemblée générale de l’ONU, Canada inclus.
Or, en 2024, notre gouvernement a envoyé à peine 1,7 millions de dollars en aide humanitaire, la plupart à travers des organismes de bienfaisance, d’ailleurs. Cette somme est à contraster avec les 5 milliards de dollars additionnels annoncés par Justin Trudeau pour garantir la rapine impérialiste en Ukraine, portant le total potentiel à 9,5 milliards de dollars!
Métaphysique, cette volonté de tiers-mondisation de Cuba n’a rien à voir avec son gouvernement. Pour preuve, la population cubaine en général brave les coupures de courant et autres pénuries avec l’esprit de sacrifice en défense de leur révolution socialiste. Elle ne sait que trop bien à quel point les aréopages inquisiteurs de l’impérialisme n’ont d’autre intérêt que de perpétrer le blocus. Ils cherchent à aider le peuple cubain en l’asphyxiant davantage…
Pourtant, il serait facile d’en finir avec cette crise humanitaire : il suffirait d’abolir le blocus et les autres sanctions pour ainsi permettre à Cuba de vivre. Pour les impérialistes, cette option représente un anathème. Ils n’accepteront jamais qu’un pays socialiste puisse prospérer. Ils mobilisent donc tous leurs efforts pour faire tomber Cuba socialiste et ainsi fanfaronner sur la supériorité factice du capitalisme.
De la même façon qu’en 1871, la défense de la Commune catalysait la lutte pour un monde nouveau, aujourd’hui, la solidarité avec Cuba arbore, du moins pour nous, communistes, une bataille transcendantale qui s’étend au-delà de l’immanente souveraineté nationale.
Aujourd’hui, défendre Cuba, c’est défendre le socialisme devant la prédation impérialiste. C’est défendre le socialisme en Amérique.
C’est pourquoi nous devons mobiliser et organiser l’ensemble des forces de progrès, ouvrières, démocratiques, anti-impérialistes et révolutionnaires pour les inciter à inclure la défense de Cuba socialiste dans notre travail quotidien.
Défendre Cuba socialiste est une bataille que nous devons gagner. Laissons vivre Cuba et son peuple prospérera!