Nouvelle constitution : « à la prochaine fois », disent les Chilien-nes

Nouvelle constitution : « à la prochaine fois », disent les Chilien-nes


Rédaction
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Clarté #48 – Octobre 2022


Le 5 septembre, les progressistes et démocrates du Chili se sont réveillés avec une gueule de bois politique sans précédent. La veille, plus de 60 % de leurs compatriotes rejetaient le projet d’une nouvelle constitution qui aurait mis fin à celle approuvée sous la dictature civico-militaire de Pinochet toujours en vigueur. Le nouveau texte aurait reconnu pour la première fois les droits politiques et nationaux des Autochtones Mapuche dont le droit à l’autodétermination et au contrôle du territoire et de ses ressources et aurait déclaré ainsi le Chili comme un état plurinational à l’image de la Bolivie voisine. Il aurait également donné accès à l’éducation supérieure et à la santé gratuite dans ce pays qui a servi de laboratoire pour Milton Friedman et ses théories économiques néolibérales. Enfin, d’importantes conquêtes en matière de pensions de retraite auraient été réalisées. 

Ce projet de nouvelle constitution était une demande cardinale de la part des partisan-es du mouvement social de l’automne 2019 initié à la suite de l’augmentation du prix des billets de métro de 30 pesos à Santiago, une goutte d’eau qui a fait déborder le vase et qui a amorcé un mouvement d’une ampleur remarquable contre le modèle économique néolibéral chilien. Un an plus tard, plus de 70 % de la population se prononçait en faveur d’une nouvelle constitution, laquelle a été rédigée par une Assemblée constituante élue en mai 2021 comportant une majorité de candidat-es de gauche – le Parti communiste était le parti le plus représenté dans le camp de gauche- et d’indépendants. 

Durant plusieurs mois, l’oligarchie locale s’est engagée dans une campagne de désinformation massive, ce qui a sans doute grandement contribué au rejet du texte proposé. Néanmoins, comme l’affirme Guillermo Teillier, président du Parti communiste chilien, ce rejet ne signifie pas un rejet du processus constituant. Dans cette optique, le Président Boric s’est entretenu avec les différentes forces politiques pour s’assurer de la poursuite du processus constitutionnel. Le principal danger à ce stade demeure la possibilité d’une réécriture qui concède la victoire aux forces de droite. Dans ce contexte, la mobilisation populaire est la clé pour renforcer le rapport de forces du côté des progressistes et pour sécuriser les conquêtes cardinales.