Intensification de l’apartheid économique
Afrique du Sud : intensification de l’apartheid économique
Adrien Welsh
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Clarté – Juin 2023
Le 25 mai dernier, la Banque centrale d’Afrique du Sud augmentait son taux directeur de 50 points de base, ce qui représente une augmentation cumulée de 475 points de base depuis novembre 2021. Cette manœuvre survient alors que le pays est déjà aux prises avec un taux de chômage qui s’élève à plus de 40%.
Il ne fait aucun doute que cette politique monétaire fait partie prenante d’un plan économique néolibéral qui attaque à la fois les capacités productives du pays en général, l’agriculture et les masses populaires (travailleur-euses, petits épargnants, etc.) dans un contexte économique de stagnation. Il s’agit en effet de répondre aux besoins d’une bourgeoisie comprador dont les intérêts sont liés à l’inféodation de l’économie sud-africaine aux marchés mondiaux oscillant entre les BRICS et les marchés impérialistes occidentaux traditionnels.
Pour les masses populaires, une telle augmentation aura un effet dévastateur. On se rappelle en effet que la politique de logement notamment sous le premier gouvernement ANC reposait sur l’accès à la propriété grâce aux prêts des banques privées. Encore aujourd’hui, une majorité de familles sud-africaines peinent à payer les intérêts de ces prêts alors qu’on leur avait promis, à travers la Charte des Libertés de 1955, que « la richesse nationale de notre pays, l’héritage de tous les Sud-Africains, doit être restituée au peuple ».
Pourtant, on sait que les dirigeants de la Banque centrale avant et après le 30 juin 1991 restent les mêmes, preuve qu’à l’apartheid racial succède l’apartheid économique. Loin de se résorber, celui-ci s’intensifie au fur et à mesure que le gouvernement ANC se rit de ses partenaires d’autrefois, à commencer par le Parti communiste, mais aussi des syndicats COSATU qu’il essaie d’inféoder aux volontés de la bourgeoisie locale.